Partie en temps réel

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Partie en temps réel

Message par Meta » 18 Déc 2008, 10:41

Suite au thread sur les démarches créatives où Démiurge me demandait d'expliquer comment se passaient mes parties en temps réel, je prends le clavier pour décrire le processus.

En remarque préliminaire, je dirai que nous jouons à Vampire depuis plus de dix ans, et la raison de cet attachement n'a pas grand chose à voir avec la qualité de l'univers, mais bien avec la manière dont nous jouons. Blasés des trivialités de la première mouture, nous sommes en effet passés sans regrets à la version "requiem". J'ai précisé dans le thread de Démiurge que j'associais le fait de jouer en temps réel au fait d'avoir une unité de lieu, mais ce n'est pas exactement vrai. J'ai pratiqué des jeux et des univers où tout se passait en un même lieu et où le temps réel posait problème car les tensions dramatiques n'étaient pas toujours impliquées par certains moments de latence, de sorte qu'il fallait bien faire des ellipses. Alors pourquoi le temps réel à vampire ?

Ce mode de jeu nous est venu tout naturellement, et si je fais un parallèle avec les autres jeux où nous l'avons pratiqué, sans parler des murder parties ou scénari enquêtes où le temps réel paraissait inévitable, nous l'avons aussi pratiqué à Wraith : the oblivion. Est-ce un hasard si dans les deux jeux les personnages sont immortels et en proie à de profondes passions ? Je pense qu'un rapport de causalité pourrait ici être engendré, mais avant de théoriser davantage, je passe à la descriptif de l'expérience.

Comment se passent nos campagnes ? Je prends l'exemple de la meilleure que j'aie maîtrisée à ce jour, terminée voilà un an et étalée sur deux années de jeu : vampire:the requiem, Vienna by night.

Rapidement le contexte que j'ai créé : la ville est menée par la ligue de l'invictus, des vampires traditionnalistes qui pratiquent le système des dynasties : un seul ruler à la fois qui, au moment d'entrer en torpeur, éveille celui qui dort pour le remplacer. La campagne commence lorsqu'un an avant que le nouvel ancien ne s'éveille (l'époux de l'ancienne au pouvoir) l'infante de cet ancien doit être éveillée pour préparer le retour de son sire. La campagne est claire dans sa problématique : il s'agit de jouer la passation de pouvoir et les enjeux qui se joueront durant cette période. Le thème de la chronique est ici "l'anachronisme". Le premier scénario porte en effet sur le fait que les joueurs (3) qui comportent l'infant de celle qui va s'éveiller, ont reçu la tâche de préparer la réception. Plutôt que d'inviter les personnages à une réception, j'ai trouvé intéressant que le prince leur envoie une exigence : "veuillez préparer la cérémonie d'accueil de celle qui va s'éveiller". La suite consistera donc en la préparation, puis la nuit suivante dans l'éveil de l'ancienne qui découvre un monde qu'elle ne connaît pas, et dans la rencontre de personnages dont son frère qui est censé, lui, en tant qu'infant du prince (l'épouse de celui qui dans un an s'éveillera), entrer en torpeur. A la différence de la soeur qui souffre d'anachronisme, le frère, lui, ne veut pas quitter l'époque qu'il comprend et qu'il juge sienne. Ainsi, le premier scénario annonce l'enjeu de la chronique : on sait que le personnage ne voudra pas entrer en torpeur et que cela va créer de grands troubles sociaux.

Pour jouer ce scénario, nous jouons sur 20 heures de jeu : en gros de 8h à 4h le vendredi soir, et de 13h à 3h le samedi. Chaque nuit sera jouée en temps réel : 8+8+4 (la dernière étant plus courte car le dénouement a lieu en pleine nuit).

La première consiste dans les préparatifs, la deuxième consiste essentiellement dans la cérémonie, et la troisième dans les conséquences immédiates du réveil de l'ancienne. Ici, le temps réel est justifié par le fait que chaque événement engendre une conséquence immédiate, mais aussi par le fait que cette façon de jouer implique de jouer le quotidien des personnages, leur rapport aux mortels.

Remarque : j'ai dit que je pensais que vampire ne pouvait qu'être joué en temps réel. L'une des raisons que je vois à cela, c'est que les scénari idiots de white wolf consistent en des intrigues politiques et policières où, au fond, jouer des vampires est un prétexte, ce qui me paraît absurde. Exit les mortels si ce n'est pour se nourrir ou servir de bétail. Or, l'intérêt de vampire est justement de jouer un "état", et cet état ne peut s'éprouver, à mon sens, que dans le quotidien, nullement dans l'intrigue policière qui ramène le vampire à n'être qu'un humain agissant pour résoudre une enquête quelconque. Le but est de jouer un monstre, pas l'inspecteur Maigret déguisé en monstre

Nous jouons donc le réveil des personnages, la manière dont la goule vient éveiller son maître, chacun des mots qu'elle lui adresse, la douleur de l'éveil, le fait que le personnage va dans la salle de séjour retrouver les autres (ils vivent dans la même demeure) et ce qu'il leur dire en premier ce soir, préfigurant une attitude, une humeur pour la soirée. De mon côté, je joue les goules, un livreur de pizza qui s'est trompé de demeure (mais servira peut-être de repas), le voisin curieux qui passe du temps à sa fenêtre, les sirènes de police récurrentes dans le quartier, etc, etc... TOUT est joué, et jamais nul ennui n'apparaît, bien au contraire, parce que les scènes de latence sont justement occupées par les joueurs qui deviennent acteurs de cet espace, qui jouent à exister, à occuper le temps par leur présence, et peuvent même engendrer un mini scénario en suivant cette jeune fille atypique au parfum de jasmin qu'ils décident de se mettre à désirer et qu'ils veulent subitement connaître. Dans ce contexte, non seulement l'expérience dramatique est intense, mais en plus, la moindre scène cadrée par le scénario prend de l'ampleur : aller chez un vampire pour le rencontrer devient un événement en soi. En donnant du sens à l'anecdotique, la moindre tension nerveuse se voit décuplée dans son intensité. Un peu comme dans un film contemplatif de Takeshi Kitano, où le moindre geste de violence devient un véritable événement dans un contexte pourtant paisible.




Voici en exemple, le scénario tel que je l'avais rédigé avant la partie. Il ne sera peut-être pas très clair, je l'avais écrit pour moi, mais bon, il donnera peut-être des indications.






Ein schönes Traum


Acte I : Das neue Licht



« La pompe baroque, impériale, viennoise, réside moins dans l’exaltation de la puissance que dans le pressentiment de son instabilité »,

Guy Hocquenghem




L’histoire :

Nous sommes en l’an 2000. Dans un an, Magnus Cassius sera éveillé par Magna Octavia. Selon la tradition, l’infant princier, Melisendis, doit être éveillé une année avant le prince. August (pj), son infant, se voit recevoir la charge de l’éveiller. Octavia, qui veut tester le jeune Invictus, lui demande d’organiser le retour de Melisendis et de préparer la cérémonie. C’est l’occasion pour August de rencontrer son frère de sang lorsque lui et Mélisendis étaient mortels (l'infant de Cassius Hannes), de se présenter à son sire après des années où il n’a pas brillé autant qu’il aurait du, de participer au retour de l’ancienne et de l’assister dans les préparatifs de l’éveil de Magnus Cassius. Ce contexte sera l’occasion pour la goule d’un individu de la coterie de voir se révéler son destin, un destin romantique, donc, vraisemblablement tragique, lié au retour de Cassius et de Melisendis.

Thème :

Le thème du scénario est l’incertitude et l’espoir qui naît de celle-ci. Qui sait comment sera Melisendis une fois sortie de torpeur, quels seront ses projets ? Qui sait si elle pardonnera à August ? Qui sait si Lisbet pourra satisfaire son fantasme ? L’ensemble du conte tourne autour de l’expectative et de la volonté d’aller au devant de ce que désigne cette expectative.

Ambiance :

L’ambiance repose sur un triptyque : social, rituel et individuel, ou encore social, spirituel et physique. La première nuit est une mise en situation puisque la coterie doit organiser un regroupement de kindreds. La seconde nuit est une cérémonie religieuse de politique du retour de l’ancienne Melisendis. La troisième est une implication physique de la part de la coterie qui doit affronter le problème de la levée des scellées du Magnus Cassius. Aussi, l’ambiance est une tendance à la pénétration, le parcours depuis le corps social jusqu’à l’individu seul par la transition du cérémonial. Les personnages auront ainsi l’impression de peu à peu pénétrer le corps de la cité, de s’immerger dans quelque chose qui va déterminer la couleur de l’horizon futur.

Le problème :

Le problème pour la coterie se pose en ces termes : quelle sera leur implication et leur position dans la passation de pouvoir. Les personnages ont l’occasion de prendre de l’importance, notamment grâce au lien naturel qui les unit à Melisendis, l’infante du Magnus Cassius. Une ascension sociale est à la clef, et aussi l’occasion de mieux comprendre l’univers de la Vienne Vampirique. Ce ne sont pas seulement leurs choix et leur implication qui sera difficile, c’est la manière de s’imposer comme des éléments moteurs de la passation de pouvoir, car les autres kindreds ne laisseront pas des neonates prendre de l’importance aussi facilement.


L’enjeu :

L’enjeu est, dans ce comte, l’ascension sociale, l’accession à une position motrice dans le début du règne du Magnus Cassius et, par conséquent, la possibilité de mieux comprendre et appréhender le monde de la Vienne vampirique. Plus précisément, les enjeux divergent ensuite pour chacun des membres de la coterie : pour August, l’enjeu est à la fois social et personnel : il s’agit de mieux connaître celle qui l’a fait de lui donner l’occasion de racheter ses erreurs et d’avancer dans son projet d’élévation sociale. Pour l’Ordo Dracul, l’enjeu est émotionnel : c’est l’implication de Lisbeth qui va poser une question : le retour du Magnus Cassius risque de changer sa relation. Pour le Lancea Sanctum, l’enjeu est politique : la question est de savoir comment la partie masculine de la dynastie des Rotgrafen va considérer le schisme viennois de la Lancea Sanctum. Toute la question pour eux n’est pas de savoir ce qui pourrait arriver, mais comment cela va se passer…

Synopsis :

Nous sommes en hiver, Vienne est couverte de blanc. La coterie reçoit la lettre de la Magna Octavia qui prie August de l’Invictus d’organiser le retour de son sire Melisendis et d’être responsable de la cérémonie, ce qui est à la fois un honneur, mais aussi un piège. Ils devront composer avec l’Elysium Wärter, et lancer les préparatifs. Vient la nuit de la cérémonie où tous les kindreds ou presque sont conviés, Melisendis s’éveille au terme du rituel. Elle souhaitera retrouver la famille mortelle qu’elle a longtemps protégée et qui a péri ou que Hannes a laissé dépérir, ce qui la conduira à rencontrer Hannes. Enfin, Melisendis a pour tâche de lever les scellés du tombeau du Magnus Cassius et elle attend de son infant que celui-ci participe à cette tâche, à savoir de relever le gardien de ses fonctions (le détruire) et laisser le tombeau ouvert pour l’apprêter peu à peu. Le combat étant sans doute difficile, ils auront l’occasion de demander à quelqu’un d’agir pour eux, mais convaincre le Sharfrichter ne se fera peut-être qu’au prix d’une lourde dette. Enfin, les scellés levés, ils contempleront le visage de celui qui reviendra bientôt : Cassius, dont le visage va bouleverser l’existence de la goule de l’Ordo Dracul…



Premier mouvement



Prologue

Musique : Birthday Massacre (Night Loop)

La nuit, sur le Ring, une voiture qui roule, une décapotable grise. Sur l’avenue Schubert, les hôtels particuliers se succèdent, tous ciselés de colonnes et marqués de la beauté baroque. L’avenue est illuminée, mais peu de gens, les viennois sont encore endormis, il est très tard dans la nuit. Des silhouettes dans le véhicule, mais l’une d’elles s’est dressée sur son siège. Elle profite du souffle sur son visage, elle aime la sensation de vitesse et d’abandon de soi, et elle pense. « Jouir totalement de la liberté n’est pas une chose à laquelle on peut aspirer dans le monde mortel, pas plus que dans le monde des kindreds. Je me trouve au confluent des deux. J’existe, mon cœur bat, mais bientôt, il s’arrêtera et s’ouvrira à moi tout un horizon, toute une destinée dont j’entrevois maintenant depuis deux nuits l’ombre se dessiner. J’aime depuis quelques instants, et bientôt je serais aimée, lorsque je les rejoindrai, les kindreds de Vienne, dont la communauté restreinte est un corps bercé par une Danse Macabre à laquelle je souhaite ardemment participer. Cette danse sera mienne, je leur montrerai bientôt ce que signifie danser, ce que la plus pure expression de la beauté de la passion peut engendrer, à quel point la création de l’émotion peut invalider la politique pour transcender le corps social. Vous me croyez mystique et pétrie d’illusions. Attendez, attendez de me voir, kindreds et bientôt vous saurez que ces nuits anodines ont été pour moi une révélation, et un jour, de ces trois nuits, vous vous souviendrez… » Elle penche la tête de côté, ressent l’air glacé la frapper au visage, emportant ses longs cheveux blonds et donnant à son mouvement une dimension onirique, à l’image du rêve qu’elle se propose de vivre.

Das neue Licht, Ein schönes Traum, Das Amfang

Le crépuscule

Musique : Heat (plage 1)

Le soleil peu à peu se couche sur la cité. Les rayons se retirent peu à peu des rues, comme si les griffes de l’astre relâchaient peu à peu leur emprise. Un homme en costume quittant son bureau, une mallette à la main, regarde l’horizon où derrière les immeuble descend peu à peu le cercle de lumière masqué par des nuages. Son visage s’assombrit peu à peu en même temps que les rues. Il reprend rapidement sa course, peu à l’aise du fait de l’obscurité gagnante et du froid qui rapidement reprend ses droits. Les rues sont encore animées, quelques touristes se pressent de quitter le Ring s’extasiant sur les merveilles architecturales que les viennois ne semblent pourtant pas remarquer, sans doute trop commun, trop proche. Les viennois, eux, sont préoccupés, certains parlent encore de l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. Devra-t-on s’attendre à des émeutes, ou des manifestations risque-t-elles de mal tourner ? La neige va tomber, confortant le léger manteau blanc qui recouvre les rues et les toits viennois, un blanc que les vampires de Vienne se plaisent souvent à souiller lors de leurs chasses nocturnes. Trois de ces vampires reposent encore, sur Strohgasse (p.245), non loin du Belvédère. La résidence est immense, tout l’immeuble leur appartient et il louent à des résidents imaginaires, leurs propres goules, qui ont toutes leur appartement. Le dernier étage abrite leur suite, aménagée, quatre petits appartements mitoyens, reliés par un salon immense donnant sur la rue. L’un des quatre sert de résidence commune. Le salon principal est …

Chacun s’éveille. Lisbet, la goule de Manfred, est venue à la rencontre de son domitor. Elle est joyeuse ce soir, pour une raison qu’elle ne s’explique pas, elle se fiche de la politique mortelle et le scandale, dehors, ne la gêne pas, ne la préoccupe pas. Après tout qu’importe ? Elle a mis une superbe robe en soie bleue avec des motifs blancs, serrée, avec un très léger décolleté qu’elle masque avec un foulard. Ses cheveux sont attachés et ramenés sur le dessus de la nuque. Elle apprêté la pièce centrale où bientôt se retrouvent les kindreds. Rien de neuf à l’horizon de leurs nuits, sans doute. Lisbet propose d’aller à l’opéra. Pourquoi ne pas y chasser ? Elle aime la musique et aimerait… Mais quelqu’un demande une audience. C’est peu habituel et sans doute important. C’est presque incongru et cela suppose soit une nécessité, soit une exigence. C’est donc soit un kindred dans le besoin, soit un représentant de Magna Octavia. C’est effectivement le cas…


La proposition piégée

Magna Octavia a envoyé l’une de ses goules rencontrer les kindreds. C’est une goule ancienne, une goule servant aussi bien Magnus qu’Octavia et ils ignorent son âge et qui elle est. Il est de bon ton d’ignorer les goules dans les salons, malgré la force et l’importance de certaines. Gustav Ostheim est un homme dont l’apparence laisse présager qu’il a vécu voilà deux siècles. Ses épais cheveux châtains tombent sur ses oreilles, son visage est allongé et anguleux, ses yeux petits et intelligents, guettant les gestes des présents. Il porte un costume noir avec de légères rayures grises, un col blanc surmonté d’un ruban charme son jabot, il se donne de la prestance avec une canne au pommeau d’argent qui abrite peut-être la lame d’une épée. Il accepte un alcool fort, en l’occurrence un armagnac. Il s’assoit. Commente les lieux, on ne voit plus de différence avec le Ring, c’est dommage, c’est comme si le cœur ne battait plus, comme si le corps de Vienne n’avait plus d’organe, mais cet organe est encore visible et le sera toujours, car les monuments qui témoigne du passé marquent l’activité du cœur de jadis et immortalisent le cœur en le statufiant. Les kindreds visitant la ville et invités par la Magna ont de la chance, parce qu’ils peuvent profiter du cœur. Un puissant Invictus a visité la Magna récemment, il en a profité. Il lance ainsi une rumeur, pour alimenter l’aura de son domitor. Il en vient au fait : la Magna Octavia Arminius von Rotgrafen von Vindobona von Invictus von Rome lui a demandé d’annoncer à August que son sire Melisendis doit être éveillé la nuit prochaine et qu’elle compte sur lui pour préparer son retour. Il peut pour cela s’adresser à l’Elysium Warter pour la gestion de la cérémonie et un éventuel conseil, encore que l’aide qu’elle lui apportera sera un service et qu’en plus cette aide sera déduite du prestige qu’il pourra retirer de l’événement. La Magna lui fait cadeau d’un privilège, il lui faut s’en montrer digne. Certes, mais il ne le dira pas, il s’agit d’un cadeau empoisonné, puisqu’elle a pris soin de ne pas l’avertir. Magna Octavia a des sautes d’humeur et des colères passagères, mais c’est une politique, et ce choix n’a pas été spontané, elle teste le jeune Invictus…

Après quoi Gustav s’en va, avec un air de malice dans le regard. Il aime aussi sa domitor pour son espièglerie. Il sera là demain soir, pour la représenter, et jugera de la cérémonie et entendra les voix des autres kindreds invités. Il doit savoir qui inviter et qui refuser le cas échéant. Le territoire de Melisendis va lui revenir. La Magna Octavia espère qu’il est prêt. C’est une bonne nuit pour chasser, mais ils risquent de manquer de temps… Le territoire en question est a priori inaltéré, même si des préparatifs sont nécessaires : apprêter la résidence de Melisendis dans le Ring, ouvrir le tombeau dont les clefs sont détenues par l’Elysium Warter. Outre les considérations techniques, il leur faut à présent penser à la manière dont ils vont procéder, qui ils vont inviter et demander conseil à l’Elysium Warter, ne serait-ce que parce que c’est elle qui possède les clefs du refuge de Melisendis…


Chasse au sang

La nuit est longue et il leur faut penser à chasser. Pire, il leur faut songer à trouver un troupeau pour offrir du sang aux kindreds, la nuit suivante et surtout pour Melisendis. Il leur faut partir en quête de beaucoup de sang. A cette heure, les rues sont animées, les touristes, les jeunes gens, l’aristocratie viennoise, les intellectuels et les bourgeois, la ville vit pendant toute la première partie de la nuit, avant d’embrasser l’aspect gothique de la seconde moitié de la soirée. Des véhicules diplomatiques, de riches individus, quelques marginaux qui sont aussi mal à l’aise que ceux qui les croisent dans le Ring. Les possibilités qui s’offrent à eux sont de trouver des sdf, entrer dans une famille, utiliser leur herd, séduire quelques jeunes gens. Mieux vaut laisser tranquille les touristes, sauf si c’est pour les relâcher immédiatement après. Théoriquement, ils sont censés trouver assez de sang pour une douzaine de kindreds, soit vingt points de sang au moins. Tuer deux mortels devrait suffire… La mascarade de Vienne n’encourage pas mais tolère le meurtre du moment qu’il n’y a pas de retombée.


L’Elysium Warter

L’Elysium Warter, Mechthild von Nündel, habite sur Karl-Gasse. Son refuge est comparable à celui de la coterie, mais elle a une préférence pour rencontrer les kindreds en extérieur. Aux alentours de Karlsplatz, le Café Stern (p.237) est un lieu de rencontre des intellectuels viennois. Mechthild les y attend, laissant Viktor, sa goule, jouer au billard pour elle. Celui-ci joue avec un anglais, Stanley, un universitaire en résidence pour l’année. Viktor va perdre l’affrontement. Le lieu est rempli de monde, contenant universitaires, touristes, intellectuels viennois. Mechthild aime le billard, mais les convenances interdisent à une femme de jouer à autre chose qu’aux cartes ou aux dominos. Elle a donc formé Viktor. Viktor est un garçon de l’époque victorienne, un viennois aristocrate jeune qui serait mort de la syphilis si Mechthild ne l’avait sauvé. Mechthild aime le jeu, elle serait même prête à jouer quelque chose au billard.

Concernant l’aide à leur apporter, elle a accès à un herd suffisamment important pour leur fournir du sang. S’il n’y a rien qu’il puisse leur offrir, elle est considèrera comme des « amis », ils lui devront une dette importante pour une nuit ultérieure. Elle peut donner son avis sur la composition de la soirée. Elle leur remettra la clef du refuge de Melisendis.


Ouvrir le domaine

Le domaine se trouve sur Annagasse, avec vue sur l’Annakirche au sein de laquelle repose en secret l’Invictus. Les appartements peuvent abriter la réception. Ils sont tenus par les deux goules de Melisendis, entretenues par Hannes : un couple de victoriens, anciens majordomes : Gottfried et Lotte Kuczera. Le couple sera à l’entière disposition des vampires, déjà mis au courant par Gustav. La femme ne parle jamais et l’homme se veut très tyrannique avec elle, souvent violent dans ses propos si on prête l’oreille. La vérité est qu’ils ne se supportent plus, et vivre ainsi durant des décennies est pour eux un véritable enfer. C’est certainement la force du sang qui les a empêchés de se suicider… L’appartement contient un immense salon au haut plafond, des fauteuils datant de l’époque napoléonienne, sertis de dorures et couverts de velours rouge, les rideaux sont de couleur ocre, les tapisseries dorées, les meubles bordés de marbrures, la cheminée, immense, a ses deux côtés parés de haut relief déclinant des visages et des mouvements baroques. La salle est légèrement éclairée par des bougies clairsemées dans l’ensemble de la pièce. Lorsqu’ils arrivent, les meubles sont couverts par des draps. Au-dessus d’un coin à piano, une immense peinture baroque dont les modèles représentant les dieux grecs serait le couple Rotgrafen…

La tombe de Melisendis est dans l’église Saint Anne (p.146), dans une crypte condamnée. La crypte se trouve dans une partie abandonnée de l’Eglise (en perpétuelle réparation) et un lourd cadenas en interdit l’accès. Il leur faudra faire en sorte que le prêtre ne vienne pas la nuit de la cérémonie et que l’église reste ouverte.

Sainte Anne : Mère de Marie. Fête le 26 juillet en Occident, le 25 juillet en Orient. La mère de la Vierge Marie était de la tribu de Juda et de la lignée royale de David. Anne et Joachim, son époux, lui aussi de la tribu de Juda, étaient riches et possédaient de grands troupeaux. Ils menaient une vie sainte, mais malgré leurs prières ferventes, n'avaient malheureusement pas d'enfant. C'était pour les Juifs la pire des malédictions et elle valut à Joachin de voir refusée l'offrande qu'il portait au temple. Enfin, après bien des prières et des humiliations, ils sont exaucés : Marie, mère de Dieu est conçue et sa conception est immaculée. Aucun texte du Nouveau testament ne mentionne le nom d'Anne. Elle apparaît pour la première fois dans le Protévangile de Jacques, évangile apocryphe du IIe siècle de notre ère. Les circonstances de sa maternité tardive sont empruntées à l'Ancien Testament et à l'histoire d'Anne, mère de Samuel (1 S 2, 11). Une scène de sa vie légendaire est la rencontre miraculeuse d'Anne et de son futur mari Joachim à la Porte dorée, à Jérusalem. Sainte Anne est honorée en Orient dès le Ve siècle où l'empereur Justinien élève une basilique en son honneur. En Occident, la dévotion à sainte Anne semble avoir pris son essor à l'époque des croisades. Son culte est reconnu par Urbain VI en 1382. Sa fête sera successivement supprimée par saint Pie V, puis rétablie par Grégoire XIII, déclarée fête chômée par Grégoire XV, puis réduite au rite de 2e classe par Léon XIII. Enfin, c'est Paul VI qui fusionne la fête de sainte Anne avec les deux fêtes que possédait jusque-là saint Joachim le 20 mars et le 16 août. On vénère dans l'ancienne cathédrale d'Apt une partie du corps de sainte Anne. D'après la tradition, le corps de sainte Anne aurait été apporté d'Orient à Marseille ou en Arles à l'époque gallo-romaine, confié à un évêque d'Apt par une religieuse, caché au temps des invasions et retrouvé sous le règne de Charlemagne. Une grande partie des reliques de sainte Anne maintenant dispersées proviennent d'Apt.Mais nulle part au monde sainte Anne n'est honorée comme en Bretagne où, de 1623 à 1625, elle apparaît à Yves Nicolazic de Keranna, près d'Auray.












Deuxième mouvement


Le crépuscule

La neige est tombée, épaisse, et déjà, les rayons de soleil se retirent pour laisser place à un froid sec qui va durcir les flocons et faire de la glace. Les étendues d’eau vont peut-être geler. Le sol glisse, ça et là. Au pied de leur immeuble, il y a eu un cri, une vieille femme a glissé, manquant de se briser le dos, et elle a remercié mille fois un garçons qui passait en roller qui a eu la présence d’esprit de la ramasser. Ils s’éveillent. August est agité. Il a senti l’émoi de son sire qui sent, dans son sommeil, son éveil proche. Il sait qu’elle attend, qu’elle a senti sa présence, qu’elle l’a vu lorsqu’il est entré dans la crypte. Il sait qu’elle est là, à le regarder, à le guetter. Sera-t-il digne ? Lui pardonnera-t-elle ses écarts ? Lisbet est avec Manfred. Elle sent comme une étrange appréhension, comme si elle allait à sa propre cérémonie. Elle n’a pourtant pas peur des autres kindreds, elle ne les craint généralement pas.


Derniers préparatifs

Ils doivent se dépêcher de se rendre au refuge de Melisendis, en vue de la célébration de son retour. Même si cette célébration n’est pas à l’image de la fête qui s’ensuivra pour son retour, il s’agit ici de respecter un rituel de réveil. Les kindreds vont parler d’elle, peut-être évoquer ses souvenirs, jouer un air qui lui était cher, bref, évoquer son retour comme pour l’émoustiller, la titiller alors qu’elle est non loin d’eux prête à se dresser. C’est comme une approche sexuelle, il s’agit d’exciter la kindred, de la mettre dans de bonnes dispositions pour la préparer à l’accouplement avec la ville. Tout est symbolique. Comme toute réception, c’est là l’occasion pour les kindreds de se retrouver, mais seulement ceux que Melisendis aimerait voir se trouver là. August ne saurait inviter un inconnu, ce serait une faute grave, sauf s’il entend lui présenter de manière solennelle et importante l’inconnu en question. Dans le cas des personnages de la coterie, c’est même une nécessité puisqu’ils se trouvent sur son domaine.

Sur place, Gottfried et Lotte se sont apprêtés, la salle a été nettoyée, tout est prêt. Mais l’ordre de la cérémonie, le problème du sang, les invités, voilà qui requiert l’attention des kindreds. Briller dans un Elysium n’est pas évident ; ils n’y parviendront pas comme Mechthild ; on n’en attend pas plus, on en suppose moins, mais toute la question est de savoir à quel point ils sauront tenir leur rôle. Cette tenue conditionnera aussi le crédit qui leur sera porté durant le début du règne de Cassius et Melisendis. S’ils brillent suffisamment, ils seront reconnus aptes à participer au retour du Magnus. L’étiquette, ici, est exigée par l’Invictus, et s’applique à toute affaire politique puisque l’Invictus domine la ville. Ainsi, chacun doit être appelé par son titre. Mechthild est Warter, Melisendis est Gräfin, mais on l’appelle Votre excellence, ou Frau Gräfin. Un membre du Quadriumvirat est un Lehnsherr.

Selon toute logique, les invités devraient être : Magna Octavia, Hannes von Wartel, Mechthild von Nündel, Blasius Osterwald, Berengar Ständer, Magdalena von Carsten, Hildegarde von Niederhausen, Tristan Prüstel, Anselm Maidorn, Isole Von Aken. Magna Octavia ne viendra pas, Hannes non plus, ils n’ont pas à se montrer si vite. La question délicate : faut-il inviter Anke Fanslau ? La réponse est oui, si elle est présentée comme étant nouvellement promue et que c’est très bien amené, néanmoins, bien que ne pas l’inviter vexera assurément Anke Fanslau et mettra l’Ordo Dracul en porte-à-faux, surtout si Manfred est là, il serait mieux vu de l’inviter lors de la réception qui sera donnée en l’honneur de Melisendis. Un retour parmi les kindreds se fait avec les intimes ou au pire les connus.

Concernant la cérémonie, Melisendis est en droit d’attendre un cadeau : un présent d’August et de chacun des quatre Lords. Le présent de Magna Octavia suivra. Si Anke n’est pas présente, elle est censée amener son présent lors de la fête suivante. Les cadeaux que Melisendis mettra par la suite en évidence seront les présents de ceux qu’elle indiquera comme ayant une importance pour elle. Si August ne réalise pas une bonne cérémonie, elle ne portera pas son présent. Maintenant, quel sera son présent ? Un vêtement, un bijou, une goule, un territoire, une œuvre d’art ?


La cérémonie

Les personnages attendent donc leurs invités. Les premiers à arriver sont Mechthild, suivie de Blasius et Berengar. Suivent rapidement Magdalena et Hildegarde, Isole et Anselm, Tristan et éventuellement Anke, soit huit à neuf kindreds de plus. Difficile de maintenir ainsi une ambiance. Leurs goules sont absentes et les seules goules présentes sont des serviteurs des maîtres de maison. Les serviteurs des invités restent à l’extérieur, à l’exception de Gustav qui viendra plus tard, portant le sang chaud de Magna Octavia, destiné à éveiller l’ancienne Melisendis. Isole a porté un cadeau, comme Magdalena et Tristan. Celui d’Isole, étonnamment, est une jeune fille destinée à la sustenter. Sans doute peut-on faire confiance à Isole pour avoir nourri et abreuvé la jeune fille de la façon adéquate. Magdalena, elle, a fait venir un interprète dont la tâche sera d’interpréter la marche de bienvenue pour Melisendis ; il ignore ce faisant qu’il ne repartira pas vivant ; l’art se consomme et Melisendis a le droit de consommer l’inspiration de l’interprète. Enfin, Tristan offre à Melisendis une amante ; la femme en question se nomme Karla Kränzlin, Melisendis la désira jadis et Tristan gagna sa main dans un jeu de séduction qui les occupa tout deux. Tristan gagna du crédit auprès de l’Invictus par cet effet. Ce soir, il s’est lassé d’elle et lui offre en cadeau et à l’insu de la goule la satisfaction d’un désir et une source de connaissance. Anke, quant à elle, n’a rien offrir. Elle fera en faux pas en offrant à Melisendis une bijou Egyptien de grande valeur et symbolisant en tant que médaillon d’or massif le grand voyage mené par Anubis. Melisendis, lors de la prochaine manifestation où elle est sensée porter les cadeaux qui lui sont faits ne le portera pas. Elle ne souhaitera donc pas être considérée comme liée à elle et considère qui plus est que le sang vaut plus que l’or.

Les invités attendent après les personnages pour parler et s’exprimer, mais Magdalena laissera l’interprète jouer. Ils parleront de Melisendis, en bons termes, évidemment, du jeu que vécut Tristan et de l’histoire qu’ils construisirent dans un jeu de marionnettes, de Cassius. L’arrivée de Gustav sonnera la fin du jeu. Personne ne boira de sang. Ils l’ignorent peut-être, mais s’abreuver ici, sauf rituel particulier, est un signe de faiblesse, mais Berengar se le permettra, jouant moins que les autres. Sa force parle et compense sa faiblesse ; mieux, elle justifie son attitude.


L’éveil

Gustav finit par arriver. Gottfried porte sur un plateau d’argent une coupole d’or renfermant le sang de Magna Octavia. Le silence s’installe, le sang de l’ancienne est puissant. Tous sentent son odeur, tous sont alléchés par l’odeur de ce sang, par le liquide qui a coulé dans le corps de la Magna. Il leur faut aller dans la crypte. Gottfried porte le coupe et une autre goule (sa femme) ouvre les portes pour les mener à la crypte. Tous s’avancent en silence. La goule ouvre le cercueil où le vampire ne repose pas sur le dos, mais de manière fœtale. Le sang coule, August peut décider de faire couler le sang. Peu à peu, le vampire réagit, le corps s’éclaircit et de pierre devient lentement chair. D’un coup, la soif l’envahit. La jeune fille est immobilisée par la poigne de celui qui se trouve près du cercueil, elle entre dans le cercueil. Quelques râles, le bruit d’un liquide qui s’écoule lentement au fond du cercueil de pierre. La jeune fille est vidée. Peu à peu, le corps de la jeune femme rachitique devient une beauté radieuse. Elle se dresse, pont encore rassasiée, mais elle dégage quelque chose, une naturelle majesté, la prestance d’une ancienne kindred et la fragilité d’une nouvelle née. Un regard de prédateur, et la candeur d’une fleur qui s’ouvre à la lumière de la Lune. C’était le premier cadeau de Isole. Vient le cadeau de Magdalena qui la prie d’avancer jusqu’à sa demeure. Elle marche les pieds nus, la robe grise et jaunie, mais elle est belle, la scène est belle. Elle a déjà répété la scène et sa démarche a tout de contrôlé, elle a tout de la majesté d’une ancienne et tout de l’innocence. Ces impressions se mêlent pour faire d’elle ce qu’elle est, Melisendis von Wartel von Rotgrafen de l’Invictus. Elle retrouve ses appartements, contemple la peinture, sent le parfum des lieux, a humé l’air de l’extérieur, a regardé la nuit, les yeux marquant la familiarité, le plaisir, le contentement, et Magdalena, alors que la musique est une invitation et un honneur qui lui est rendu, lui propose l’interprète en cadeau, le temps qu’il comprenne, il lui est offert en cadeau et elle le boit, lentement, et les touches du piano se couvre bientôt de sang, et ce n’est pas une touche macabre qui est jouée, mais un son aigu. Le macabre et le glauque est avalé par la délicatesse de la beauté fragile de Melisendis qui semblable à une poupée animée pèse et goûte chaque geste. Bientôt, son corps est plus fort et aussi plus fin. Le sang a disparu, elle a bu avec délicatesse. Le corps est oublié derrière le piano, elle regarde les kindreds, elle reçoit les hommage dans l’ordre dû, par priorité d’âge, elle reçoit ensuite le cadeau de Tristan qu’elle accepte. La jeune fille crie, hurlant de désespoir et tous les kindreds silencieux goûtent son effroi. Rares sont les mortels qui succombent à la peur du prédateur sans briser la mascarade, celui-là, il faut en profiter. Ce cri d’effroi est délicieux et tous le goûtent, surtout Melisendis qui accueillent la jeune fille qui s’est recroquevillée contre le genoux de Tristan, mais bientôt, Melisendis l’approche et la prend par les cheveux avec douceur, usant de sa Majesté pour l’envoûter. Elle accepte tous les autres cadeaux. Enfin, elle s’adresse à eux, en ces mots simples et notamment à Gustav, parlant ainsi directement à Magna Octavia : « Je suis le sang de son sang, je suis Melisendis von Rotgrafen. Soyez remerciés pour votre sollicitude. Je vais maintenant m’ouvrir à la tâche d’accueillir le Magnus qui, dans son sommeil, a vu l’un des scellés se lever. Je dois à présent lever les autres. Veuillez me laisser. » Elle commande ainsi l’exigence d’une intimité, et tous s’éclipsent, respectant la coutume qui lui octroie le droit à l’intimité. Mais elle veut garder autour d’elle ceux qui dépendent d’elle par droit seigneurial : ceux qui demeurent sur son domaine, la coterie d’August. Lisbet, elle, reste fascinée par Melisendis, mais reste en retrait. Pour une raison qu’elle ignore, elle a un peu peur d’elle…


Retrouvailles

Melisendis regarde l’extérieur, elle profite du lieu, met à l’abri la jeune fille, dans une chambre et l’endort, veillant à ce qu’elle soit gardée par les goules. Elle exige de faire un tour de la cité. Pour cela, il faut qu’August l’emmène dans une voiture se promener en ville. Elle veut voir son domaine, son territoire, le sentir. Elle sera fascinée, mais reste sur la retenue. A chaque réveil, c’est la même chose, c’est comme d’arriver en territoire étranger. Elle regarde les gens, les véhicules, les boutiques, ne pose aucune question, car chaque question en appelle d’autres et que ce n’est pas encore le moment. Elle doit faire d’abord deux choses : lever les derniers scellés de Magnus Cassius, et retrouver son domaine, à savoir vérifier que tout est à sa place. Pour cela, elle doit trouver la famille mortelle dont elle avait la charge et que Hannes avait pris sous sa protection : les Haake. Durant tout le trajet, elle parle avec August, de lui, de ce qu’il a fait. Elle ne juge en aucun cas ses actions, pas encore. Le moment n’est pas venu. Mais elle converse sur la coterie, sur le quartier, sur la vie contemporaine, etc… Elle prend acte, accepte, comprend, écoute.


Déception

Cependant, la maison des Haake est occupée par d’autres. La famille qu’elle protégeait semble avoir disparu. Il faudrait que August fasse la démarche pour savoir ce qu’est devenue la famille. Le fait est que la famille a disparu, que le père est parti après divorce ( !) aux Etats-Unis et que la mère s’est remariée avec un homme des pays de l’Est. Leur petit fils est le seul qui reste, alors que leurs enfants sont morts dans une guerre de gangs mafieux. Il administre l’ancien salon de thé de la famille, où Hannes attend Melisendis, une boîte de nuit, « Das Licht », sur Ungargasse. Iwan Dubianski est le gérant de la boîte, connecté à la mafia de l’Est. Voilà l’héritage que Hannes laisse à Melisendis. Il va lui falloir rentrer dans la boîte et elle espère qu’ils l’accompagneront, car elle va avoir besoin d’eux. La boîte est animée, l’ambiance est chaude et mauve, le plafond très bas, tout est en profondeur et vaste avec de petites salles, des colonnes baroques et des tables basses carrées disposées partout. Elle sait que Hannes est quelque part, mais qu’il va jouer le jeu du déguisement. Elle devra montrer qu’elle le connaît bien et le reconnaître, mais les autres aussi peuvent la conseiller. Dubianski peut être rencontré, mais il est en train de dealer avec des mafieux, il est digne, en costume, se promenant avec classe. Il accepte de leur parler, Melisendis veut voir qui est le descendant des Haake, et elle demande à l’un des personnages de le faire parler, de lui proposer quelque chose pour entretenir une conversation avec lui. Il est compagnie de trois acolytes et écoute. Il finira par partir, mais Melisendis voudra rester parler avec les acolytes qui aiment papoter : Mat, Igor et Stieg. Melisendis est persuadée que Hannes est l’un d’eux, c’est trop évident, il s’est glissé parmi eux. Igor est l’associé de Dubianski, Mat un garde du corps et Stieg un junkie. Melisendis aura trouvé, elle fera partir les autres pour se concentrer sur Igor. Malheureusement pour elle, alors qu’elle ne s’est jamais trompée, Igor est bien ce qu’il paraît être. C’est Stieg qui fera tomber le masque. Si elle s’est trompée, c’est que Hannes a bien changé malgré sa condition de vampire. Et seule une époque peut faire changer un vampire, une époque dans laquelle il se retrouve intimement…


Dépression

Quoiqu’il arrive, Hannes se tient devant eux, assis à une table. Melisendis est paniquée un peu par le bruit et l’agitation, la dégénérescence qui fait remuer sa bête. Comment expliquer que les mortels se laissent aller à tant de dégénérescence primitive ? Parce qu’au fond la société actuelle les a tellement humanisés avec des formes qu’il ne sont plus que des formes et son déshumanisés ? C’est ce que suppose Hannes. Dans cette musique, dans cette époque, Hannes se retrouve. Il aime ces jeunes gens, cette violence, elles l’aident à tenir, mais en même temps, il a appris à mépriser certaines convenances Invictus. Il n’est pas temps qu’il entre en torpeur, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne veut pas y entrer car il a enfin trouvé une époque qui lui sied. Magna Octavia ne comprend pas cette époque et en souffre. Lui, au contraire, a attendu cette époque. Et malheureusement, les époques se succèdent. Dans sept décennies, cette ambiance aura disparu, vraisemblablement. Il ne voudrait pas la quitter. Faut-il que les convenances se succèdent ainsi à jamais ? Melisendis ne veut pas entendre ses jérémiades, pas maintenant. Ils ont un an pour en parler. Elle veut Dubianski, elle veut qu’il soit rattaché à son domaine sur autorisation de Hannes. Celui-ci accepte si elle l’autorise à venir à ici. Elle se demande si c’est une bonne idée, cet endroit le corrompt. C’est un bon terrain de chasse, tout au plus, mais il en a un dans son domaine. Il voudrait pourtant qu’elle l’autorise. Que peut-il offrir ? Il est son frère, mais tout de même… Elle va y réfléchir… Ainsi, August voit que pour Melisendis les liens du sang ne sont pas suffisants pour maintenir la cordialité. Pour l’heure, Dubianski est sur son domaine, et August et les autres le recroiseront sans doute. Hannes lui dit qu’elle ignore à quel point la situation de Dubianski est complexe. Il va falloir aussi que Hannes lui apprenne pourquoi son infant, Noah Gryner, n’est plus. Mais elle manqué une guerre, une grande guerre, terrible, un génocide disent-ils, un génocide qui a écourté le Requiem de l’infant lors du bombardement. Déception. Mais pour l’heure, il leur faut partir, car l’aurore vient et que la nuit suivante, le rituel de levée des scellées doit s’accomplir.


L’aurore

La voiture quitte le refuge de Melisendis après l’y avoir déposée. Elle n’investira les refuges de son domaine que plus tard. Non loin de là se trouve le leur. Ils s’y rendent et dans la voiture, Lisbet demande, et ils savent que la nuit suivante, ils vont lever les scellés de Magnus Cassius et que cette tâche revient à l’infante seule et tous ceux qu’elle adjoindra à la tâche. Y participer, c’est un honneur, mais aussi ne pas exister comme personne à part entière, c’est être vassal de celle qui le fait. Ce faisant, c’est aussi gravir les marches en vue d’une accession à un statut plus grand. Lisbet rêve. Est-il beau, le Magnus ? N’est-il pas le Grand Prince de la cité ? Il doit être quelqu’un de fascinant…



Troisième mouvement



Le crépuscule

Lisbet a peur. Elle craint pour sa vie. La transition avec les kindreds risque de bouleverser son existence, elle s’en doute. Il leur faut chasser, en ce début de nuit, ou être sujets plus facilement à la bête. Avant de partir pour la nuit, Lisbet a besoin de sang de la part de Manfred, l’acte est-il passionné ou répugnant ? La relation est-elle charnelle ou perverse ou encore déshumanisée et mécanique ? Lisbet a une préférence pour le sensuel et le charnel, elle veut plaire à son domitor. Lisbet aime le romantique, le gothique.


Le romantisme de Melisendis

Melisendis leur rend une visite impromptue. Elle s’est habillée à la mode actuelle, avec un tailleur, un manteau à fourrure que lui ont fait essayer les serviteurs. Elle est excitée à l’idée de marcher dans son domaine. Elle demande comment ils la trouvent. De toute évidence, elle est belle et gracieuse, mais ces vêtements ne collent pas à son visage d’un autre temps. C’est comme de mettre une belle robe de mariée à Athéna ou un tailleur à Déméter, ce serait obscène. Elle n’est pas encore totalement éveillée, elle n’a pas encore tous ses repères, mais pourtant, il lui faut s’occuper de sa tâche traditionnelle. Melisendis accepte les kindreds sur son domaine, voilà ce qu’elle a à leur dire, mais elle les accepte en tant que vassaux. Ils pourront jouir de tout ce qu’un tel domaine peut apporter (beaucoup), mais devront lui obéir en tout aussi longtemps que l’affaire sera sur son domaine ou concernera son domaine. Ils peuvent aussi se désolidariser et monter leur propre domaine, mais sans doute peuvent-ils le faire plus tard. D’autre part, être gagné à Melisendis est moins gênant que d’être considéré comme la chose des Magni ou d’un élément du Quadriumvirat. Cela ajoute de la complexité à leur rapport à la cité.

En tous les cas, Melisendis aimerait qu’ils participent au levé des scellés. Pour se faire, il faut détruire le gardien et lever les scellés en question. Melisendis a la clef de ces scellés, mais pas la force de détruire le gardien qui est un kindred étreint par Cassius lui-même avant de s’endormir, assoiffé et maintenu en survie pour en faire une bête folle furieuse et hantant la crypte. Les personnages ont trois solutions s’ils veulent le tuer : le faire eux-mêmes, mais c’est très dangereux ; envoyer des mortels, mais il faut éviter de profaner la tombe, ou envoyer un champion, vraisemblablement le bras armé de la justice, Berengar, mais dans ce dernier cas, à eux de le convaincre.


Un combat à éviter

Berengar peut être rencontré dans un lieu public. Il n’a pas de téléphone, mais les goules peuvent se charger de l’échange. Le rendez-vous est fixé par lui dans un lieu inattendu pour sa personne : le Café Central (p.160, Herrengasse). Le lieu est extrêmement animé. Berengar est en compagnie de quatre serviteur qui délirent comme des mafieux dans un film de Tarantino. Ils gênent les deux intellos assis près d’eux, parlant d’obscénités. Berengar leur demande de disposer et écoute les personnages. Le convaincre Berengar est chose difficile. Lui laisser une dette en vue de quelque chose d’ultérieur est dangereux. Que peuvent-ils offrir ? Du sang ? Une relique ? Une goule ? Une aide ultérieure dans un procès ou une capture ? En tous les cas, Berengar veut bien participer à la libération du tombeau de son sire, même si son nom n’apparaîtra pas.




Lever les scellés

Le tombeau se trouve dans les catacombes de la Cathédrale Saint-Etienne. Avant d’y aller, Melisendis souhaite contempler Vienne depuis le toit de la tour maudite.

Sa construction débuta en 1137, détruite par un incendie en 1258, elle fut restaurée en 1263.
Sa tour méridionale, le "Steffl", haute de 137 m, fut achevée en 1433. La tour Nord (tour de l'Aigle) devait initialement s'élever à la même hauteur, mais elle resta inachevée. Une légende donne une explication à ce fait : Johann Puchsbaum, l'architecte de la tour aurait pactisé avec le diable pour terminer la tour en une année, condition pour épouser la fille de l'architecte de la cathédrale. Mais en retour il ne devait pas prononcer le nom de la Sainte-Vierge. Apercevant sa promise il l'interpella "Marie, Marie !". Le diable fit écrouler l'échafaudage, tuant l'architecte. Les ouvriers refusèrent d'achever la construction de cette tour maudite. A l’origine, la cathédrale Saint-Étienne fut construite au XIIIème siècle dans le style roman. Mais elle connut une histoire riche et mouvementée et dès les XIV et XVème siècles, elle fut réaménagée dans le style gothique. Surtout, les bombardements de 1945 firent énormément de dégâts et il fallu du temps avant qu’elle ne retrouve un aspect digne de ce nom. Aujourd’hui, la cathédrale a retrouvé sa splendeur et elle constitue l’un des plus beaux édifices religieux de la ville. A l’extérieur, la façade principale est le seul élément qui subsiste de la période romane. Toutefois, elle s’intègre harmonieusement à l’ensemble de l’édifice avec son élégant portail central et sa tour des païens. Les décorations sont nombreuses et raffinées (sculptures, moulures, frises…) mais elles ne constituent pas l’intérêt principal. Ce sont les deux tours – Nord et Sud – qui interpellent les visiteurs. La première, inachevée, abrite tout de même une imposante cloche de 3,14 mètres de diamètre pour un poids de 21 tonnes appelée la Pummerin. Elle fut construite en 1951 selon les plans de l’ancienne Pummerin, détruite dans les bombardements de 1945. Outre son aspect imposant, elle se distingue par la clarté de ses carillons. La tour Sud date, quant à elle, du XVème siècle et fascine par sa hauteur de 137 mètres. L’accès aux deux tours est bien sûr possible… moyennant une participation financière. L’intérieur de l’édifice recèle aussi des trésors d’architecture religieuse. Déjà, de chaque côté de l’entrée, se trouvent deux baldaquins gothiques de toute beauté : à gauche se dresse « La chapelle du Prince Eugène » du XVème siècle en hommage à celui qui à vaincu les Turcs ; tandis qu’à droite, un autre baldaquin gothique abrite la « Vierge de Pötsch » qui aida également à battre les Turcs. Un peu plus loin, on aperçoit la chaire de 1480, véritable chef-d’œuvre du gothique. Son escalier qui symbolise l’élévation vers le ciel est entouré des quatre Pères de l’Eglise. Au pied de la chaire, on aperçoit un personnage avec des outils de sculpteur. Il s’agit en fait d’une représentation de l’artiste qui a réalisé la chaire. Cependant, malgré cette représentation, son identité reste inconnue. Plus loin encore, dans le transept gauche, se situent l’entrée des catacombes. Il s’agit indéniablement de l’une des curiosités les plus remarquables de la cathédrale Saint-Étienne. L’accès n’est possible que lors des visites guidées, mais il en vaut vraiment le coup d’œil. Les catacombes sont divisées en plusieurs sections. La première date du XIVème siècle et elle abrite le caveau des Cardinaux. On y trouve aussi le caveau des ducs dans lequel repose Rodolphe IV, fondateur de l’Université de Vienne. On peut également apercevoir dans les niches des urnes contenant les entrailles des Habsbourg. La seconde section renferme le caveau des Chanoines. Enfin, la dernière section contient les ossuaires de 16000 Viennois. Autant dire que cette dernière partie est particulièrement morbide. Après la visite des catacombes, il ne faut surtout pas manquer le chœur et son maître-autel des frères Pock de 1640. De chaque côté du chœur, on aperçoit les tombeaux de Rodolphe IV et de Frédéric III. Pour information, les Pères de l’Eglise sont : Jérôme, Augustin, Ambroise, Grégoire.

Après avoir jeté un regard étonné et nostalgique sur Vienne, après une histoire de la cathédrale et des bribes de mémoires effacés en rapport avec ce lieu où Cassius a toujours reposé, il faut se rendre dans les catacombes, avec ou sans Berengar. La crypte est dans un recoin caché des catacombes, un mécanisme camouflé par un crâne permet d’y accéder. Le monstre est un semblant d’homme assoiffé de sang, un kindred de blood potency 3, Celerity 3, Vigor 4, Resilience 3, Animalism 2. Voilà soixante-dix ans qu’il est enfermé et fou. Il se jette au début sur les importuns, mais si un combat dure et qu’il n’y a pas de voie de sortie, il verra venir sa mort avec apaisement. Sans doute, peu avant sa disparition, verront-ils dans ses yeux, l’âme d’un individu qui va enfin trouver la paix. Le Requiem, pour lui, n’a que trop duré.


L’ouverture du tombeau

Vient le moment d’ouvrir le tombeau. Celui-ci se trouve au-delà de l’anti-chambre du monstre, protégée de lui. Melisendis ouvre la porte. Berengar, lui, s’il était convié, est parti. Là se trouve le cercueil. Melisendis a sorti la grande clef et a ouvert la salle. Elle regarde l’intérieur, une petite pièce froide et humide, des bruits de gouttes, le cercueil et la statue : un buste de Magnus Cassius. Melisendis le regarde intensément, les yeux brillants. Elle aime son père, mais sans doute est-ce un amour d’une certaine sorte. Elle impose un silence, leurs bouches ne peuvent parler, à moins que ce ne soit le lieu. Sans doute les entend-il, dans son éclipse qui peu à peu s’estompe. Mais la réaction de Lisbet qui n’a pas pu entrer mais qui voit la statue est tout autre. Elle reste interdite. Elle n’est pas en admiration, elle vient de croiser le visage qu’elle va aimer qui doit (va ?) l’aimer. Le Magnus Cassius est sans doute un symbole de puissance, de virilité, la prédation du vampire incarnée, le terrible et désirable. Mais toute sa résistance a fondu : Cassius est son but, ou plutôt la finalité de sa vie, une raison d’agir. Elle tient son cœur d’une main, ne dit mot, mais Manfred peut remarquer un choc. Au final, le groupe quitte les lieux, laissant Melisendis dans la cathédrale après que celle-ci leur ait dit qu’il faudrait laisser un infant en gage d’héritage, avant l’endormissement lors du départ ; elle est si déçue que le sien soit mort durant la guerre. Hannes aura sans doute plus de chance... L’acte premier du réveil de Cassius a été joué.


Epilogue

La nuit, sur le Ring, une voiture qui roule, une décapotable grise. Sur l’avenue Schubert, les hôtels particuliers se succèdent, tous ciselés de colonnes et marqués de la beauté baroque. L’avenue est illuminée, mais peu de gens, les viennois sont encore endormis, il est très tard dans la nuit. Des silhouettes dans le véhicule, mais l’une d’elles s’est dressée sur son siège. Elle profite du souffle sur son visage, elle aime la sensation de vitesse et d’abandon de soi, et elle pense. « Jouir totalement de la liberté n’est pas une chose à laquelle on peut aspirer dans le monde mortel, pas plus que dans le monde des kindreds. Je me trouve au confluent des deux. J’existe, mon cœur bat, mais bientôt, il s’arrêtera et s’ouvrira à moi tout un horizon, toute une destinée dont j’entrevois maintenant depuis deux nuits l’ombre se dessiner. J’aime depuis quelques instants, et bientôt je serais aimée, lorsque je les rejoindrai, les kindreds de Vienne, dont la communauté restreinte est un corps bercé par une Danse Macabre à laquelle je souhaite ardemment participer. Cette danse sera mienne, je leur montrerai bientôt ce que signifie danser, ce que la plus pure expression de la beauté de la passion peut engendrer, à quel point la création de l’émotion peut invalider la politique pour transcender le corps social. Vous me croyez mystique et pétrie d’illusions. Attendez, attendez de me voir, kindreds et bientôt vous saurez que ces nuits anodines ont été pour moi une révélation, et un jour, de ces trois nuits, vous vous souviendrez… Hannes aura bientôt un infant, je serai celui-là, je serai celle qu’il proposera à l’étreinte. Je dois être celle-là, afin qu’il puisse m’aimer, qu’il ait le droit de m’aimer. Un an devant moi pour séduire Hannes. J’y parviendrai, et dès lors je serai la lumière, la nouvelle lumière de l’Elysium de Vienne. C’est mon rêve, oui, mon doux rêve. » Elle penche la tête de côté, ressent l’air glacé la frapper au visage, emportant ses longs cheveux blonds et donnant à son mouvement une dimension onirique, à l’image du rêve qu’elle se propose de vivre.

Das neue Licht, Ein schönes Traum, Das Ende
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Message par Frédéric » 18 Déc 2008, 15:50

Hello, donc je viens de lire tout cela.

Si j'ai bien compris, il s'agit du scénario.
Ce qui m'intéresserait, c'est d'avoir un aperçu (sur une scène, pas besoin de plus) de ce qu'on fait les PJ et les joueurs, de leur emprise sur l'histoire.
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Message par Meta » 18 Déc 2008, 16:04

Ouh là, c'est loin tout ça. Bon, de mémoire si je ne peux pas résumer précisément les scènes, je peux donner quelques indications sur plusieurs moments.

D'abord, je me souviens que lors de la première nuit, les personnages éprouvent le besoin de chasser (ce qui n'est pas prévu, évidemment, dans le scénario). Ils choisissent un café et s'installent dans un territoire mortel en séduisant des femmes célibataires qui ont décidé de laisser leurs pauvres maris à la maison. La scène fut appréciée par chacun : j'ai utilisé des clichés : la bourgeoise joviale, la petite coincée, la femme pincée et hautaine. Chaque joueur décide immédiatement de sa proie, et le vampire les plus réservé et sans pouvoir social, se retrouve avec la plus timide. Nous jouons les discussions, ils déploient leur séduction, je prends acte du fait qu'ils sont désirables, qu'ils ont des facultés vampiriques ("disciplines") et nous jouons en temps réel l'ensemble de la chasse, leur difficulté à cacher le fait qu'ils boivent leur sang, la manière dont l'un d'eux fait sortir l'une des femmes, leur mascarade pour ne pas consommer de boissons, etc...

Autre moment : les joueurs organisent la cérémonie. Je ne m'occupe que de l'arrivée des pnj et de leur profil. Ce sont eux qui ont décidé de tout. L'infant de celle qui doit être réveillée a une idée : un cadeau personnel pour parler de son lien privilégié. Un autre joueur a eu l'idée de profiter de la cérémonie pour ridiculiser un pnj en le forçant à parler à un moment difficile pour lui (je ne sais plus, mais du genre : "parlez-nous de votre tentative avortée de cinéma...") et ceci parce qu'il veut prendre sa place comme Seneschal. Ce sont les joueurs, ici, qui proposaient le contenu des discussions des pnjs, qui menaient la séance, en gros, quitte à commettre des faux-pas.

Autre moment : la manière dont ils découvrent l'imposture de Hannes qui s'est déguisé en mortel et apparaît comme un junkie. La manière dont ils se comporteront avec lui porte un enjeu fondamental. S'ils le snobent, se moquent, ou ne lui portent pas d'intérêt, il ne les considèrera plus. Or, les personnages, dans la scène de la boîte de nuit, ont décidé globalement de le comprendre et d'être fascinés par son rapport au monde contemporain. Dès lors, ils ont choisi de faire cette problématique la leur. A leur retour à l'appartement, ils ont conversé une heure en roleplay (je jouais les goules qui parfois intervenaient, et les sons extérieurs tout en gérant la musique selon le ton de la conversation) sur la question de l'adaptation du vampire à son époque et la manière dont chacun va se positionner et par rapport à Hannes, et par rapport à son propre Requiem, à son propre rapport à l'histoire.

Est-ce que je réponds à ton attente, ou suis-je à côté ?
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Message par Frédéric » 18 Déc 2008, 17:33

C'est parfait.

Je relève surtout le fait que :
Dans le premier exemple, il y a un véritable enjeu : se nourrir en restant discret.
Dans le deuxième, il y a un véritable espace de créativité : préparer la cérémonie (donc avec un enjeu : que ça plaise ou déplaise)
Dans le troisième, il y a une exploration de la condition de vampire via ces interrogations.

C'est assez différent du fait de raconter une scène qu'on vient tous de suivre (hormis si on rajoute l'enjeu de devoir le raconter par le prisme déformant du personnage comme tu l'as proposé).

Je trouve cela assez riche d'enseignement.

Question : votre groupe se fréquente/joue depuis longtemps ?
Vous connaissiez-vous avant de faire du JDR ?
Certains ont-ils eu une pratique du JDR dans d'autres groupes avant celui-ci ?
Frédéric
 
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Message par Meta » 18 Déc 2008, 20:27

Frédéric (Démiurge) a écrit :
Question : votre groupe se fréquente/joue depuis longtemps ?
Vous connaissiez-vous avant de faire du JDR ?
Certains ont-ils eu une pratique du JDR dans d'autres groupes avant celui-ci ?


Les joueurs ne se connaissaient pas, mais avaient tous fait du jdr. Ils n'ont pas eu de mal à s'adapter.
Oui, on se connaissait un peu, ce qui aide effectivement à anticiper les réactions.
Néanmoins, j'ai déjà initié des personnes avec ce type de partie, et cela roule sans problème.
Meta
 
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Message par Christoph » 19 Déc 2008, 19:11

Salut Axel!

Je trouve absolument remarquable avec quelle clarté tu as dégagé tout ce qui t'ennuyais dans Vampire, comment tu as ciblé une problématique et comment tu as préparé cette session là-autour.
Je comprends assez bien en quoi le fait de jouer le temps réel, étant donné les objectifs, a son importance.
D'ailleurs, c'est essentiel d'avoir au moins un certain nombre de scènes plus tranquilles, ne serait-ce que pour donner du contraste aux scènes dramatiques (ça peut aussi être bien pour les joueurs, qui se fatigueraient bien trop vite sinon). Cela m'étonnerait que Frédéric n'en joue aucune dans ses parties, malgré l'accent qu'il met sur la tension dans ses rapports.
Christoph
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Message par Meta » 19 Déc 2008, 19:29

Christoph a écrit :D'ailleurs, c'est essentiel d'avoir au moins un certain nombre de scènes plus tranquilles, ne serait-ce que pour donner du contraste aux scènes dramatiques


Exactement. C'est également l'une des vertus de cette façon de procéder.
Meta
 
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Message par Frédéric » 20 Déc 2008, 13:58

Bien sûr qu'il y a des moments décontractés dans nos parties ^^
En réalité, si je mets autant l'accent sur la tension, c'est qu'il m'est arrivé de jouer des parties entières sans et que j'ai pas accroché du tout.
Frédéric
 
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