Tes questions sont tout à fait intéressantes, Stéphane.
Je ne sais pas si cela entre dans le cadre de ce sujet, mais il faut savoir que le vrai setting de
Dogs in the Vineyard est une problématique autour de la question : quand la morale justifie-t-elle la violence ?
Après, il s'agit plus ou moins d'un western social et religieux. A la fin du bouquin, Vincent Baker explique qu'il est tout à fait possible de jouer en Europe pendant l'inquisition, par exemple, car l'ensemble du jeu conservera sa dynamique autour de la problématique sus-citée.
Par contre, je suis sceptique sur le fait d'utiliser le système pour Starwars par exemple, car c'est bien le fait que les joueurs soient mis en situation de juger des problèmes sujets à dilemmes qui fait le sel du jeu. J'ai été très impressionné par la façon dont le jeu permet de donner beaucoup d'intensité à des scènes intimistes (je ne pensais pas que ça pouvait exister en JDR avant ça). Il a été l'une de mes références principales pour Psychodrame.
Vincent Baker vient lui-même d'une communauté mormone, faire ce jeu était pour lui un témoignage.
esthane a écrit :Si je comprend bien ce que tu dis quand tu parles de jeux traditionnels mal foutus car leur création n'est souvent qu'une bouture d'un jeu précédent dont la mécanique ne repose pas toujours sur une approche GNS. Autant j'ai le sentiment en lisant quelques comptes rendus, rapports, synthèses, descriptifs de jeux forgiens, que dans ces jeux on se focalise plus sur une ou 2 techniques qui prennent en compte l'approche GNS au détriment d'un setting qui m'emballe.
C'est vrai que bien souvent les JDR forgiens restreignent volontairement l'espace de jeu. Mais cette restriction est pour moi une mise en œuvre de "si tout est possible, rien n'est intéressant".
Avec Polaris, le nombre d'histoires et de situations que l'on peut générer est vertigineux, mais l'articulation narrative est assez précise. Dans Dogs, on juge, on juge, on juge, on compationne et on châtie. Mais si le jeu couvrait un champ de possibles plus vaste, il serait moins intense.
En cherchant bien, il existe un grand nombre de jeux Forgiens qui abordent des thèmes plus classiques, avec des univers riches etc.
Bien que je pense qu'il y a un côté "JDR d'auteur" revendiqué et qui insiste sur des thèmes un peu spéciaux qui n'étaient pas couverts par les jeux du commerce.
Concernant le JDR parfait, je pense que Ditv est une œuvre d'art. Un Picasso a-t-il des défauts ? Est-il imparfait ?
Il ne fait que mettre en œuvre une démarche cohérente autour d'une problématique.
Après que cela plaise ou non, c'est un autre problème. Personnellement, je préfère qu'un jeu ne cherche pas à plaire pour proposer quelque chose d'aussi intense que les parties de Ditv que j'ai pu jouer (Romaric après quelques playtests de Ditv n'était pas trop convaincu bien qu'il y trouvait de bonnes idées. Un jour, Christoph lui a fait jouer une vraie partie, il m'en a dit au téléphone : Dogs in the Vineyard est le meilleur jeu du monde). ^^
Bon, on va finir par me trouver monomaniaque...