Démiurge (ouverture vers la philosophie de l'esprit)

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Démiurge (ouverture vers la philosophie de l'esprit)

Message par Romaric Briand » 28 Fév 2008, 18:42

Rapport à l’attention de L’Agora : Démiurge(s) et Métaphysique.

I. Le problème de DESCARTES.

Descartes pose un dualisme des substances dans « Les méditations métaphysiques ».
Il existe deux formes d’êtres :
1. Substances physiques (corps). Dans Démiurge c’est le champ des « Alchimistes ».
2. Substances pensantes (âmes). Dans Démiurge c’est le champ des « Psychomètres ».

Les uns et les autres vivent dans le même monde. Donc, dans le monde, il doit y avoir des propriétés mentales qui constituent les substances mentales et des propriétés physiques qui constituent les substances physiques.

Les alchimistes : Ont le pouvoir de changer les propriétés physiques des substances 1.
Les psychomètres : Ont le pouvoir de changer les propriétés mentales des substances 2.

I.I Problème : La causalité du mental sur le physique.

Thèse 1 :
La clôture causale du monde physique :
Tout ce qui arrive dans le monde physique est issu d’une cause physique.

Thèse 2 :
Les substances pensantes ont une influence sur le monde physique :
« C’est parce que j’ai soif que je me dirige vers le frigo. »

Problème :
Comment tenir T1 et T2 en même temps ? Cela semble absurde.
Pourtant ces deux thèses correspondent à des intuitions communes.

I.II Réponse occasionaliste : MALEBRANCHE.

Malebranche constate l’existence de ce problème dans « La recherche de la vérité ».

Solution :
Il n’existe qu’un seul moyen pour sauver la causalité du mental sur le physique : Dieu (notre Démiurge). Chaque geste est un miracle !

Thèse :
Dieu surveille le monde du mental et donne son autorisation pour effectuer un miracle dans le monde physique.


Exemple :
« Je veux lever le bras ». J’ai la propriété mentale de vouloir lever le bras. Dieu le constate dans le monde mental. Il donne son autorisation. Il fait un miracle dans le monde physique et le bras se lève .

(Miracle : doit être ici entendu au sens de « rupture de la clôture causale », ou de « la chaine causale des événements ». Dieu est le seul à pouvoir rompre ces chaines. Il l’a montré dans les Saintes Ecritures. Le Démiurge en est-il capable ?)

Problèmes de l’occasionalisme :
- La thèse du miracle perpétuel de Malebranche n’est pas économique. Elle oblige Dieu dans tous les cas. Leibniz réduira ce problème.
- La thèse du miracle attribue à Dieu toutes les responsabilités humaines. Dieu devient coupable de tous les crimes du monde. En effet, il consent à les rendre effectifs. Malebranche est conscient de cela, mais les réponses qu’il donne sont tout simplement obscures. Je suis dans l’incapacité de fournir à l’Agora des réponses claires à ce sujet. On murmure que le démiurge « Sens » aurait trouvé de nouveaux indices sur ce point, mais il les garde secret.

Précision :
Cette théorie est dite « occasionaliste » parce que chaque pensée humaine donne à Dieu l’occasion de manifester sa toute-puissance.

I.III Réponse épiphénoméniste ou parallélistes : LEIBNIZ.

Leibniz est conscient des problèmes de Malebranche et de Descartes.
Il va donc tenter de défendre une Harmonie préétablie dans la « Théodicée » et les « Discours de métaphysique ».

Thèse de l’harmonie préétablie :
Il existe un parallélisme parfait entre le monde des substances physiques et le monde des substances pensantes. Dieu a préétablie les deux mondes dés le départ. Il n’y a donc qu’un miracle à la création du monde. Les deux mondes sont parallèles.
Il était écrit dés le début que « j’aurais soif, à t1 » (mental) et que parallèlement « je me lèverais, à t1, pour prendre le verre d’eau » (physique). La théorie de Leibniz fait une économie miraculeuse.
De plus elle se passe du problème de la causalité entre le mental et le physique.

Réponse au déterminisme et à la culpabilité de Dieu :
« Nous vivons dans le meilleur des mondes possibles » dit Leibniz. Une formule dont Voltaire se moquera ouvertement pendant la Révolution française. Le pauvre Voltaire n’a rie compris, hélas… Le Dieu de Leibniz est soumis à la logique. Il n’avait pas le choix.

Argument :
Autrement dit, si le mal ne s’était pas produit quelque chose de pire se serait produit logiquement. Dieu n’avait pas le choix. Il ne peut pas faire le bien infiniment sous peine de sombrer dans l’illogisme.

Problèmes :
- déterminisme. Le monde est déterminé, puisqu’il est préétabli. Les problèmes moraux se reposent. Les criminels sont-ils coupables de leurs crimes ? Où est-ce Dieu ?
- L’inertie causale des propriétés mentales est injustifiable. Si quelque chose ne cause rien, comment peut-on dire qu’il existe ? Le monde mental, s’il ne sert à rien, ne doit pas être nécessaire métaphysiquement. Par conséquent, le mental n’existe pas. Cette conséquence involontaire se pose en contradiction avec nos intuitions de départ.

I.IV Réponse : Le réductionnisme solution contemporaine.

Argument :
Si tout ce qui arrive physiquement est issu d’une cause physique, alors les substances mentales, qui par définition ne sont pas physiques, sont causalement inertes.

Conclusion :
Il n’y a pas de substance mentale ! Tout ce qui est mental peut être réduit à du physique.

Exemple :
« J’ai mal » peut être réduit à l’activation neuronale des fibres C du cortex. Cette activation est une cause physique qui cause le mouvement reflexe du sujet.

Contre-Exemple 1 : L’expérience de Jackson.
Marie est une spécialiste en neurologie elle connait toutes les conséquences neurologiques d’une perception de couleur. Seulement, depuis le début de son existence elle porte, sans le savoir, des lentilles qui absorbent les couleurs. Elle voit donc tout en noir et blanc. Pourtant un jour on lui retire les lentilles, elles voient du rouge pour la première fois. Apprend-elle quelque chose ? La réponse est : oui.
Elle découvre « l’effet que cela fait » de voir du rouge.
Elle avait la science neurologique du rouge et pourtant il lui manquait quelque chose. L’effet mental de voir du rouge (appelé la « quale » ou les « qualia » en philosophie).

Conclusion :
Le réductionnisme ne tient pas. L’activation neuronale du cerveau ne suffit pas à réduire les propriétés mentales d’un sujet.

Contre-exemple 2 : La distinction entre alchimiste et psychomètre.
Il est clair que nos démiurges possèdent deux pouvoirs distincts. Certains sont doués pour manipuler les substances mentales (Psychomètres), d’autres pour manipuler les substances physiques (Alchimistes).
Si le réductionnisme était valable, les alchimistes devraient pouvoir accéder aux propriétés mentales du sujet. Or nous constatons que toutes les expériences tentées à ce sujet ont échoué : création d’homoncules sans âme.
Les psychomètres et les alchimistes travaillent sur deux mondes bien distincts, le réductionnisme ne fonctionne pas.

I.V Conclusion : Philosophale.

Le problème est aujourd’hui encore traité. Il ne trouvera pas de solution avant que la pierre philosophale ne soit créée. Seule la pierre philosophale est capable de générer une matière à la fois physique et mentale…

Notre théorie est que le monde est déjà composé entièrement de pierre philosophale. Ce qui expliquerait beaucoup de choses. Les hommes seuls ont créé cette dichotomie conceptuelle. Notre but, en tant que démiurge, est de leurs rendre la vue. La pierre philosophale est devant eux. Il ne la voit pas.
Un personnage de fiction souhaitant s'incarner dans la réalité... Les rolistes sont mes proies...
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Message par Frédéric » 29 Fév 2008, 00:08

Voici donc le début de notre collaboration, Romaric ! Je pense que le projet : "Démiurges" ne pourrait prendre une telle orientation sans toi (il me faudrait 10 ans de lecture philosophique pour y arriver).

Le document que tu m'as fait parvenir est formidable, je ne savais pas du tout sur quoi j'allais tomber, et ce fut un ravissement.

J'ai quelques suggestions : Par rapport à notre discussion sur les "systèmes" (au sens large), on pourrait envisager que cette idée vienne à la suite de celles que tu as énoncées.
En gros, le monde est né d'un système... Et je vais réfléchir pour voir si la détermination du monde ne pourrait pas se heurter à un léger jeu dans les rouages* (dans le système), concernant les humains et/ou les démiurges.

Il va falloir que je comprenne dans les pouvoirs la possibilité de lire les déterminismes du monde (physiques ou mentaux). Puis de les modifier.

***

En tout cas je suis ravi de ton apport à mon jeu.


* C'est une notion très importante dans l'art, on en discutera ;)

P.S. : Étant donné que Romaric a posté le texte sans trop d'explications, je me permets donc d'expliquer qu'il s'agit de recherches philosophiques pour structurer et jalonner le monde et le système de Démiurges. Il est nécessaire de coupler cette lecture avec le thread "[Démiurges] Strikes back". Toute idée, question ou réflexion est la bienvenue.
Frédéric
 
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