Jeu de dupes, Journal Intime, Entropie

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Jeu de dupes, Journal Intime, Entropie

Message par Frédéric » 05 Déc 2009, 18:08

Hello, et bien voilà, j'ai testé mon triptyque psychologique composé des trois jeux du titre.

J'ouvre ce CR pour Lionel (Nonène), comme promis, au cas où l'un de ces trois jeux conviendrait pour son projet de JDR pédagogique.
Je vais au passage donner ma petite analyse GNS sur chaque jeu, car après tout ils sont nés de mon envie de développer des JDR soutenant des démarches créatives différentes autour d'un thème commun.

Mon CR est long, mais il porte sur 3 jeux, donc n'hésitez pas à lire chaque CR comme étant indépendant.

Joueurs : Gaël, Lionel (Arkel), Amandine, un autre Frédéric et moi-même.

Jeu de dupes
Nous avons commencé la soirée sur Jeu de dupes. Le jeu a bien tourné, mais j'ai apporté de légères modifications en cours de partie, je pense qu'il y a encore des améliorations à apporter, mais c'est au fil des playtests que nous le vérifierons.

Nous avons choisi de jouer des chirurgiens dans une clinique privée.
Notre objectif commun : devenir le nouveau directeur de la clinique.

Le principe du jeu est relativement simple : chaque joueur possède un PJ, il y a un rôle de metteur en scène tournant en dehors duquel. Chacun se contente de jouer son personnage (actions, paroles et pensées).
Chaque PJ possède des objectifs mineurs cachés. Le premier à atteindre tous ses objectifs mineurs gagne l'objectif commun. Pour cela, deux moyens : soit dans les narrations libres, le joueur arrive à obtenir ce qu'il veut de manière pacifiste, soit il déclenche un conflit pour y parvenir. (S'il gagne le conflit, il gagne son objectif mineur, mais si d'une certaine manière il parvient à réaliser l'objectif sans conflit, c'est bon également).

L'histoire :
Le directeur de l'hôpital convoque ses plus grands chirurgiens :
Debbie Cole, oncologue (Gaël)
Celia Miramas, pédiatre (Lionel)
Diane Vincent, psychiatre (Amandine)
Max Hunt, traumatologue (L'autre Fred)
Matthieu Cardoux, chirurgien esthétique (moi)

Il leur explique qu'il prend sa retraite et que le conseil d'administration compte placer l'un d'eux à la direction de la clinique dont les finances sont au plus bas. Il ne sera pas décisionnaire, mais il peut appuyer la candidature du plus méritant.
Diane prend rendez-vous avec le directeur pour lui exposer un projet de congrès psychiatrique qui développerait le prestige de la clinique, puisque celui du CHU de Bordeaux a été annulé.
Étant metteur en scène à ce moment-là, j'ai senti qu'il pouvait s'agir d'un objectif de Diane, j'ai donc, en jouant le directeur, proposé qu'elle fasse un dossier préparatoire avec son collègue Hunt, afin qu'il étudie la question.

Puis Gaël devient metteur en scène, ça se passe à la cafétéria, Matthieu va trouver Celia pour lui dire qu'il pense être le mieux placé pour devenir le nouveau directeur et jauger la motivation de Celia qui feint de ne pas être vraiment intéressée par le poste de directeur.
Matthieu va trouver ensuite Debbie et lui annonce que le directeur est hostile à ce qu'elle soit directrice, il ne la sent vraiment pas pour ce poste, voire il l'a convoquée avec les autres par amitié et politesse, mais il ne compte pas appuyer sa candidature. Debbie nie, on lance un conflit. Matthieu perd le conflit, il n'atteint donc pas son objectif qui était de démotiver un ou plusieurs des candidats.

Ensuite, Lionel devient Metteur en scène et une alerte incendie se déclare dans l'établissement. Diane applique le protocole, Matthieu découvre de la fumée provenant de la cafète. Ni une ni deux, il s'empare d'un extincteur et va éteindre l'incendie qui s'est déclenché à partir d'un court circuit dans une machine à sucreries. Il va jouer les héros auprès du directeur, mais Diane s'étonne que seul le service de psychiatrie ait respecté le protocole.
Après cette scène, je me suis retiré du jeu, car 5 joueurs, c'était un peu trop. J'en ai donc profité pour noter des observations afin d'améliorer le système du jeu.
Ensuite, Diane et Max se sont retrouvés pour bosser sur le congrès. Mais alors qu'ils travaillaient leur projet, Debbie est intervenue et s'est mise en tête de faire échouer leur plan (Gaël se doutait qu'il s'agissait là d'un objectif de Diane). Conflit, Celia intervient et s'allie à Debbie contre Diane et Max.
Un conflit assez musclé verbalement, à grands coups de répliques cinglantes. Mais les joueurs n'ont pas réussi à utiliser les techniques de manipulation. Il va falloir que je bosse le jeu d'un point de vue accessibilité.
C'est Diane et Max qui ont gagné le conflit, ils ont donc atteint l'objectif de Diane (ce qui offre un objectif atteint pour Max également).
Le jeu des alliances sur le long terme doit être très fun et les différents niveaux de manipulation du jeu fonctionnent bien. Je crois pouvoir dire que la démarche créative ludiste est bien servie par tous les aspects du jeu. Il faut que j'affine certains points du système, mais ça roule. Le jeu est assez facile d'accès, mais les techniques de manipulation sont difficiles à mettre en œuvre (ce qui est normal et intéressant pour le jeu : il faut faire des efforts pour obtenir l'avantage immense qu'elles procurent).

Les joueurs ont un peu manqué d'agressivité au départ, mais à la fin, quand ils ont cerné le truc et qu'ils se sont tous alignés sur cette envie de se dépasser et de faire mieux que les autres, la dynamique était exaltante.
Note aussi : les objectifs de certains PJ les amenaient à être de vrai enfoirés. Mais Amandine ayant choisi de tenter de réaliser le congrès médical nous a prouvé que compétition et éthique ne sont pas contradictoires (bien que de temps à autres elle n'hésitait pas à enfoncer les autres ^^).

Journal intime
Journal intime nous propose de vivre l'histoire des personnages autour d'obstacles internes, autrement dit, des épreuves qui seront causées par leurs difficultés psychologiques (peurs, complexes etc.)
Après discussion, on a décidé de créer deux personnages que l'on s'est partagés :

Gaël, Lionel et moi avons joué Stéphanie, journaliste.
Ses obstacles sont :
- Je veux m'accomplir artistiquement, mais j'ai peur de l'échec
- Je suis pudique
- Je ne peux m'empêcher de mentir
Ses traits sont :
- Je me vois comme un oiseau en cage
- Je crois que je suis laide
- J'ai l'habitude de ressasser
- Je ne crois pas ne pas avoir de valeur
- Je n'ai pas l'habitude de dire des méchancetés

Amandine et l'autre Fred ont joué Igor, comédien :
Ses obstacles sont :
- Peur du ridicule
- Besoin de reconnaissance
- Peur du trou de mémoire
Ses traits sont :
- Je me vois comme une star montante
- je crois être incompris
- J'ai l'habitude de jouer avec un dé avant d'entrer en scène
- Je ne me vois pas comme quelqu'un de vulgaire
- Je ne crois pas au hasard
- Je n'ai pas l'habitude de me plaindre

Lionel devient le premier le joueur actif, c'est à dire que c'est lui qui va amener son PJ : Stéphanie, à éprouver son obstacle.
Il choisit l'obstacle "Je suis pudique".
Il annonce le titre du chapitre : "Balade à la plage".

Stéphanie, au mois de mai se rend sur la plage et cherche l'hôtel où elle va passer quelques vacances.
Emmitouflée dans ses vêtements, elle croise une famille qui passe par là et leur demande où se trouve l'hôtel. Elle se voit répondre : "devant toi, banane".
Puis elle voit, dans l'eau, un enfant qui a l'air de se noyer, mais personne alentours. Elle décide de s'approcher de l'eau, mais n'osant pas se déshabiller, elle entre dans l'eau, mais le courant emporte l'enfant. Lionel décide que c'est le début de l'épreuve.
Stéphanie avance, mais ses vêtements la gênent et le courant est plus fort que prévu, elle commence à être emportée. Elle décide donc de se déshabiller en plongeant pour ne pas se dévoiler devant les gens qui ont accouru sur la plage. Mais personne ne vient à son secours.
Elle finit par atteindre l'enfant.
Pendant cette épreuve, les autres joueurs continuent de jouer l'univers et les PNJ, mais en plus ils notent les propositions du joueur actif selon 3 critères : subtilité, intensité émotionnelle et crédibilité. La dynamique crée est intéressante : les autres joueurs lancent des perches au joueur actif en consultant ses traits et selon sa réaction, note un + s'il aime ou si cela respecte un trait, un - s'il n'aime pas ou si cela contredit un trait et rien si ça ne l'inspire pas ni ne le gène.
Quand il le désire, le joueur actif lance les dés, il doit obtenir au moins un score inférieur ou égal à la moyenne des joueurs juges. S'il réussit les autres racontent comment il dépasse son obstacle interne, s'il échoue, il raconte son échec.


Je ne développe pas la scène suivante. Je remarque que la dynamique du jeu fonctionne plutôt bien, mais ce qu'on a joué manquait un peu de profondeur à mon goût. Ce n'est pas vraiment la faute des joueurs, mais les obstacles choisis me semblent primordiaux : jouer quelque chose qui nous touche (directement ou indirectement) nous amènera sans doute à plus de sérieux. Mais le problème vient aussi des autres joueurs que le joueur actif, qui ne sont pas soumis par le système au jugement "actif" de tout le monde, ce qui fait que les joueurs lancent un peu tout ce qui leur passe par la tête et ne prennent pas suffisamment le temps de proposer des choses fortes. Je pense qu'il faut que je trouve un moyen de régler cela.

Le jugement des joueurs est clairement porté sur la qualité des propositions et le respect de l'image que chacun se fait du personnage, je pense donc que le simulationnisme a été efficacement à l'œuvre dans cette partie.
Je pense que le jeu peut encore être amélioré.

Entropie (qui va changer de nom, suite à une légère modification du système qui fait que le nom n'a plus de sens)
Dans Entropie, les histoires suffisamment courtes permettent de ne suivre qu'un seul personnage à la fois. Un joueur endosse le rôle du protagoniste, c'est à dire qu'il cherche à mener le personnage principal à son objectif.
Parmi les autres joueurs, il y a un antagoniste et les autres sont neutres, c'est à dire qu'ils peuvent soit soutenir le protagoniste, soit l'antagoniste et changer de positionnement autant qu'ils le veulent.
Gaël s'est dévoué pour être le protagoniste.
Il a créé le personnage :

Victor, ébéniste.
Objectif : je veux mourir
motivation : dépression, à cause de laquelle sa femme l'a quitté.
Traits :
Ce qui lui est cher : son art
Ce contre quoi il lutte : l'alcoolisme

Cela commence chez lui, Victor a accumulé tellement de créations dans son atelier que ça empiète sur son espace de vie. Depuis quelques jours, il dort seul dans son lit. Et cette nuit-là, il entend des bruits au rez-de-chaussée.
Il se lève et va voir, il s'agit de Noémie, sa femme, qui fouille les étagères à la recherche d'affaires qui lui appartiennent.
Victor lui demande ce qu'elle fait là à 4h du mat' et elle répond qu'elle faisait tout pour ne pas faire trop de bruit car elle ne voulait pas le croiser, mais elle est décidée à récupérer ses affaires. Il lui propose de revenir le lendemain, mais elle fait mine de ne pas l'écouter et poursuit sa récolte.
Gaël engage un conflit décidant que l'enjeu sera de la mettre dehors. Il échoue, j'avais misé le plus de galet, donc je raconte qu'elle continue son bazar sans se soucier du bruit. Victor retourne se coucher sans pouvoir fermer l'œil.
Le lendemain, ses sœurs viennent lui remonter le moral avec une bouteille d'alcool, Victor trinque. Ses sœurs médisent de sa femme et font un peu des leçons de vie. Victor en a marre et ne veut pas se laisser remonter le moral, il veut rester seul avec son malheur.
Chose intéressante, puisque l'objectif du personnage était négatif, les rôles se sont trouvés inversés et Lionel qui s'était proposé pour être l'antagoniste afin de pouvoir exercer son sadisme à plein était un peu déçu de devoir empêcher Victor de se suicider. Il n'empêche que la partie était vraiment très réussie et bien plus profonde que les deux autres (bien que Journal intime a un grand potentiel question profondeur et que Jeu de dupes est loin d'être aussi con que VRPg, car il permet pas mal de subtilités).

Ensuite, Victor a entendu une émission de radio dans laquelle des gens témoignaient de leur malheur après leurs tentatives de suicide ratées. Il lutte contre l'angoisse des conséquences s'il en venait à échouer.
Il décide de fabriquer une potence bien solide qui l'aidera dans son entreprise. Mais ne sachant pas comment faire un nœud coulant, il décide de briser un petit cadre appartenant à sa femme dans lequel se trouvent des nœuds de marin, mais il a abîmé les nœuds dans l'accès de rage de son coup de marteau dans la vitre et n'arrive pas à apprendre à faire un nœud coulant.

Dans une étagère, Victor découvre des documents de Noémie portant sur une IVG qu'il n'a jamais sue. Victor a lutté contre l'idée que comprendre ce qu'il s'est vraiment passé entre sa femme et lui lui permettrait de mieux accepter la situation.
Plus tard, après s'être saoulé, il tombe dans les escaliers et en meurt.

Nous avons eu une discussion avec les joueurs après cette partie qui nous a vraiment enthousiasmés. Pour ma part, j'ai eu le sentiment que l'approbation principale était un jugement sur la situation et les actes des personnages. Tout le monde n'était pas convaincu. Peut-être que mes explications sur l'approbation n'étaient pas claire, mais j'ai ressenti une légère différence à ce niveau là entre la partie de Journal intime et celle d'Entropie, mais c'était mince. Donc, je pense que cette partie soutenait une démarche narrativiste, mais c'est à vérifier.

***

Donc Lionel, je te propose de m'indiquer le jeu qui te paraît le plus adapté et je lui apporte les corrections nécessaires en priorité pour que tu puisses en faire un playtest. ;)
Frédéric
 
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