Mon point de vue sur l'Immersion

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Mon point de vue sur l'Immersion

Message par Christoph » 10 Fév 2006, 01:59

Mon point de vue sur l'Immersion

Sujet des plus délicats dans la scène du jeu de rôle, car un grand nombre de définitions se cachent en réalité sous ce terme et que beaucoup de rôlistes y attachent une importance essentielle.

Je crois que peu de gens contesteront le fait que l'immersion est considéré comme un des objectifs les plus prisés et indiqués par une grande majorité des auteurs et joueurs de JdR.

Je vais ici proposer une définition d'un terme qui peut-être est controversé, je rappelle donc que c'est juste mon point de vue:
    L'immersionnisme est la poursuite de l'immersion comme priorité majeure dans son expérience du JdR.
Décortiquons

Je vais présenter plusieurs définitions plus ou moins distinctes que j'ai rencontrées lors de discussion ou sur le net, afin que je puisse plus clairement en parler par la suite.
Voici ce que j'ai trouvé être une définition généralement acceptée au niveau discursif de l'immersion:
    Se fondre entièrement dans son personnage, ressentir ce qu'il ressent, penser comme lui, être à sa place dans le contenu imaginaire de la partie.
En réalité, il y a différentes appréciations de cette définition. Souvent, quand on écoute ou, mieux, quand on voit ce que le joueur pratique, on se rend compte qu'il applique un concept proche de cela, mais différent sur bien des points. Ce n'est en aucun cas un reproche que je formule, simplement une source de confusion que je tente de lever.
  • Se mettre dans une optique où les décisions que prend le joueur sont uniquement basées sur la position et l'état des connaissances de son personnage dans le monde fictif.
    J'appelerai cela la posture d'acteur par la suite.
  • Le premier point en plus exacerbé: le joueur s'identifie véritablement avec le personnage. On rejoint la définition commune. C'est ce que j'entend personnellement par immersion.
  • Etre impliqué dans le déroulement de la partie à fond, participer de toutes sortes de manières. En fait, le joueur n'est pas immergé dans le personnage, mais plutôt impliqué dans la partie.
  • Le joueur est extrêmement sensible à ce qui se passe dans la partie et extrêmement enthousiaste à son sujet. J'appelerai cela l'engagement du joueur.
  • Le joueur comprend qu'il y a des règles tacites à suivre pour le bon déroulement de la partie (ne pas foutre en l'air le scénario, respecter l'ambiance, le ton et le genre de la partie, etc.) tout en respectant grandement la causalité interne du monde fictif. Si ceci devient la priorité du joueur, on se retrouve avec une facette possible du simulationnisme. Autrement, on va dire que le joueur a un sens de la vraisemblance très exacerbé ou respecte grandement les scénarios de son MJ.
Il est clair qu'il est tout à fait possible de mélanger certains de ces points, mais mon post ne traîtera que de ce que moi j'appelle l'immersion.
Si vous vous reconnaissez dans une des quatre autres optiques, je vous demanderai de bien garder cela à l'esprit par la suite.


L'immersionnisme

Bien, maintenant vous savez également ce que j'entends par immersionnisme: définir en tant que priorité majeure de son expérience rôliste l'immersion dans le personnage, c'est-à-dire s'unir intimement à son personnage, au point de ressentir fortement ce qu'il vit.


Ce qui me gêne dans l'immersionnisme

Je ne suis pas fan de l'immersionnisme du tout. Je peux tout à fait apprécier l'immersion de temps à autre, mais cela reste pour moi largement secondaire face à d'autres objectifs.
Souvent j'oublie de faire la distinction, mais en réalité, quand je dis que je me moque de l'immersion, je devrais être en train de parler de l'immersionnisme.

Les raisons qui peuvent pousser quelqu'un à s'immerger
  • Le joueur tente de cacher quelque chose. Ceci peut-être "bénin" (il est timide et à peur de s'exprimer lui-même, il peut ainsi nier que c'est lui qui s'exprime) ou grave (le joueur est là pour faire chier les autres et se protège par le fameux "c'est ce que ferait mon personnage, désolé de faire du roleplay!" sur un ton dégoulinant de mauvaise foi et d'hypocrisie).
  • Le joueur fait cela parce qu'il croit que c'est LE truc ultime à faire en JdR. Ceci a pour conséquence d'occulter un tas d'autres pans du JdR.
  • Le joueur recherche un vécu aussi fort que possible. Il vit des sensations fortes par procuration et estime que le meilleur moyen est de s'identifier au personnage et se projeter dans sa situation.

Les conséquences de l'immersionnisme

Pris au mot, l'immersionnisme conduit les joueurs à s'oublier pour devenir leur personnage, par maximisation de la notion d'immersion.
Cela doit certainement provoquer des sensations fortes, voire des états mentaux proches de la trance ou de l'hypnose. [1]

Cependant, ceci est aussi extrêmement malsain à mon avis. Pas à cause de prétendus risques de folie ou autres conneries de ce genre, mais parce que de ce fait, on oublie que l'on est autour d'une table avec des amis. On oublie que ce qui est important c'est l'amusement entre amis et que les actions de nos persos peuvent être problématiques dans des cas extrêmes.
On tue tout le méta-jeu et ça c'est grave pour la communication entre joueurs.

C'est également un frein aux considérations "scénaristiques".
En effet, un personnage sain d'esprit fera tout pour éviter des situations compliquées (ne serait-ce qu'une engueulade avec ses voisins), alors que c'est justement ce qui crée l'intérêt d'une histoire. [2]
Or, je poursuis précisément la construction de situations aux complications humaines. Pour cela, il faut au stricte minimum mettre de côté l'immersion quand on prend des décisions générales sur la tournure des événements, sinon le perso ne va jamais se retrouver dans des situations de tarés, sauf si le MJ me manipule comme un chien (pourquoi devoir en arriver là quand il suffit de sortir de son perso, discuter 30s avec le MJ et continuer sur un truc qui nous botte les deux?)
Si je veux atteindre les objectifs décrits dans Perte = victoire, il me faut sortir de l'état d'esprit que c'est moi qui vit la scène. Non, c'est un personnage imaginaire pour lequel je m'investis et auquel j'ai envie de faire vivre des situations poignantes qui y est. Alors qu'il apprenne le goût de la défaite, qu'il vive dans des situations peu claires tout le long. C'est pas une synécure l'histoire! [3]


"Ouais mais je t'ai vu jouer et t'étais à fond dans le trip!"

Jamais je ne refuterai une telle phrase. Je prends énormément de plaisir à être dans le trip du jeu de rôle. En grande partie, cela revient à de l'implication et de l'engagement (cf. définitions du début). Ou encore de l'empathie. Je développe des liens affectifs avec mes personnages imaginaires, car ils représentent quelque chose pour moi.
Il m'arrive aussi par instant de "jouer" mon personnage tel que le ferait un acteur (ceci est différent de la posture d'acteur dans le sens où je ne tente pas de distinguer mes connaissances et celles du personnage). Mais quelques minutes après l'on me verra tenir des propos plus proches de ceux d'un metteur en scène sur la scène d'un tournage ou des considérations qu'aurait un auteur pour faire évoluer son personnage.

Il y a toujours ce questionnement du joueur, de moi qui veut exprimer quelque chose (ça n'a pas à être grandiose ou artistique, je peux exprimer de la merde aussi) et jamais je ne deviens le perso.

L'on pourrait me retorquer qu'en fait, inconsciemment cela peut m'arriver. Alors il devient difficile de débattre sur cet aspect-ci (personnellement je n'y crois pas), mais en aucun cas cela n'invaliderait ce que je disais:
En aucun cas je recherche à m'immerger. Les choix scénaristiques passent avant. Afin qu'il n'y ait pas de doute, ceci ne veut pas dire que je suis un malade des intrigues et des retournements de situations hallucinants, je me contente de choses très simples, tant que cela a du sens et que cela m'interpelle.


Systèmes et immersion

Il semblerait que les immersionnistes se répartissent en deux tendances en ce qui concerne les préférences de système de jeu:
  • pas de système du tout
  • un système qui reflète fidèlement les actions du personnage et leur déroulement (tout en restant léger)

La première espèce ne m'intéresse pas, car un jdr sans système, c'est souvent une activité sociale où seule comptent des rapports de force entre joueurs (la plus grande expérience, la plus grosse gueuele, le meilleur roleplayer, le sacro-saint MJ, etc.)
Si ce n'est pas cela, il manquera toujours l'aspect "tremplin" du système. C'est-à-dire sa faculté à nous pousser à voir plus loin, à nous guider quand nécessaire, à créer des situations inattendues et bien sûr de nous mettre d'accord entre joueurs quant aux événements fictifs qui se déroulent.

Je veux donc du système. Cela ne veut pas dire qu'il faille absolument un processus logique impliquant des dés, des chiffres, etc. Je suis extrêmement intéressé par des jeux gérés uniquement par des codes linguistiques et des structures narratives. [4]

Ce que beaucoup appellent JdR sans règles est pour moi du JdR avec au moins un système: le scénario du MJ. Ils ne sont donc pas concernés par ce point, bien que je ne sois pas fan de cette approche.

Pour autant, des règles reflétant fidèlement les actions du personnage me gonflent dès qu'elles deviennent trop présentes.
J'aime prendre des décisions à un niveau scénaristique et donc méta-jeu. Je veux pouvoir avoir une influence sur le décor, sur des événements externes à mon personnage, etc. [5]
Et je souhaite que ceci dépasse le seule domaine de compétence du MJ.

Par mon goût concernant les techniques composant un système complet, j'écarte donc une grande partie des prédilections immersionnistes.


Conclusion

Vous l'aurez compris, pour toutes ces raisons, l'immersion ne m'intéresse pas des masses et je ne la recherche donc pas. J'ai même tendance à penser que certaines formes bien poussées sont complètement à côté de la plaque.
Par contre, je développe un lien affectif avec mon personnage, je m'intéresse à son devenir et je le met à rude épreuve. Je m'enthousiasme également pour la partie en cours.
Jamais je ne demanderai à qui que ce soit de s'immerger. Si cela arrive, tant mieux pour lui (ou moi, si ça m'arrive), tant qu'il reste sur la même longueur d'onde que moi pour la partie dans son ensemble (ce qui implique forcément à certains moments de rompre l'immersion).



Questions à Wenlock

1. Est-ce que ma présentation te semble claire? Si non, puis-je t'aider afin que tu puisses répondre à la suite?
2. Avions-nous précédemment juste une incompréhension sémantique?
3. Es-tu d'accord avec mon analyse que selon les termes développés ici, l'immersion peut nuire à la qualité de l'histoire?
4. Selon les termes développés ici, l'immersion est-elle toujours une priorité pour toi?



Notes

[1]. Enfin un type qui va au bout de ses idées: jdr sous hypnose!

[2]. C'est peut-être pour cela qu'on voit autant de personnages "fous" dans les JdR. C'est peut-être même aussi, entre autres, pour tenter de rapprocher les deux choses que l'on a introduit les "faiblesses" des persos.

[3]. L'histoire est de ce fait l'enchaînement crédible de situations à problématiques humaines. Pas besoin de planifier grand chose, on improvise au fur et à mesure selon comment cela évolue.

[4]. Par exemple les phrases-clés de Polaris ou les "seven breaths" de Falling Leaves.

[5]. Vincent Baker prétend qu'en fait, pour atteindre un haut degré d'immersion, il faudrait adopter ce genre de règles. Ainsi, un joueur peut improviser et inclure facilement ce qu'il voit à travers les yeux de son personnage, sans se perdre dans des embrouilles avec le MJ.
En quelques sortes, on arrive à un paradoxe qui mène me semble-t-il au problème de la priorité du scénario sur l'immersion du personnage.
Pas étonnant, sachant la définition que donne Vincent de l'immersion (qui est différente sur pas mal de points de celle que je donne ici).
A méditer.


Remerciements

Mon groupe de jeu, Wenlock et moulte autres rôlistes qui m'ont aidé à affiner ma compréhension de ce phénomène!


Sources (avec leurs principaux contributeurs)

Defining immersion, Ron Edwards
Immersion, Vincent Baker
Deep Immersion, Ralph Mazza
How to favor immersion?, Emily Care Boss
Actorial and experiental distance, Victor Gijsbers
Immersionism, Accepted Wisdom and Internal Conflict, Thor Olavsrud
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Message par Wenlock » 13 Fév 2006, 23:13

Bon, je lis, pis au lieu de commenter je ferais ma "contrepartie", ok ?
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Message par Christoph » 13 Fév 2006, 23:26

Volontiers ;-)


Je suis en train de faire un sondage sur le SdEN et Cerbere.org, dans le but de me donner une idée quels sont les tendances majoritaires parmis les 5 familles d'immersion que je décris ici.

Ce qu'est sûr pour l'instant, c'est que le terme n'est pas utilisé pour la même chose par tout le monde (on s'en doutait, mais je trouve intéressant de voir les réponses quand même).
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Message par Christoph » 28 Juin 2006, 01:40

Je ne suis pas revenu à cette discussion après les "sondages". :oops:

Alors en fait, il me semble que l'immersionnisme est plus un mythe qu'autre chose, si je peux me baser sur les avis des participants, et on retrouve plusieurs avis véritablement différents à ce sujet.

J'aurai tendance à mettre sur le compte du coming-out romantique le gars qui encense sans réserve la poursuite de ce but.
Une minorité qui présente bien son truc (c'est vrai que c'est accrocheur quelque part, cette idée de devenir quelqu'un d'autre et ça peut convaincre beaucoup de gens sur le papier) et donc j'ai l'impression que j'ai attaché trop d'importance à un phénomène sommes tout assez rare (phénomène d'autant plus rare qu'il est convenu que le MJ, lui, n'a pas l'occasion de s'immerger! et bien que je n'ai pas vérifié quantitativement, beaucoup de soi-disants fans de l'immersionnisme sont la plupart du temps MJ...)


Lisant un billet sur le blog de Brand, j'ai encore l'impression que son immersion n'est pas celle dont je parle dans l'article, du moins pas exactement.
Si jamais tu lis tout ceci, n'hésites pas à éclairer ma lanterne!

J'attends toujours encore ton retour, Wenlock ;)


En gros, l'utilité de cet article aura finalement été de me permettre me rendre compte qu'il n'y avait pas tant de gens que je croyais qui sont véritablement immersionnistes.
L'autre avantage, c'est que j'ai une base détaillée pour développer à l'avenir si le besoin se faisait ressentir (surtout sur les autres "immersions" d'ailleurs).


Pour finir, j'ai fait l'expérience de quelques tentatives d'hypnoses par mp3 (ceux utilisés par le groupe référencé à la note [1]).
Je ne pense pas que cela a été un succès éclatant, mais d'après ce que j'ai ressenti et d'après mes quelques expériences de ce que j'appelle l'immersion, il y a effectivement des similarités qu'on pourrait explorer.
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Message par phaerimm » 25 Août 2006, 00:52

Avant qu'éventuellement je réagisse moi-même je propose la lecture (ou relecture) de cet article de PTGPTB.

Et si vous ne connaissiez pas ce site, enjoy.

http://ptgptb.free.fr/0002/alltheboys.htm

Pour un rapport à établir (ou pas) entre absorption et immersion.
Life is a laugh, death is the joke.
phaerimm
 
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Message par brand » 27 Août 2006, 00:01

Ce thread est là rien pour que je m'enerve =D

Tu ferais mieux de montrer les articles de Thomas Roberson, ils sont achement plus interessants ;)

Brand, coming-out romantique
brand
 
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Message par Christoph » 27 Août 2006, 00:21

Merci Phaerimm pour le lien! Même que je fais partie de l'équipe PTGPTB, je n'ai de loin pas tout lu!


Hello Brand! Ravi que tu réagisses sur cet article! =D
J'avoue que j'étais d'humeur provocatrice quand je l'ai écrit... :-°


Nous avons échangé moultes mails avec Brand sur ce sujet, et voici quelques références supplémentaires que nous avions trouvé à ce sujet.


Bon Brand, si tu pouvais faire une synthèse de ton désaccord, cela enrichisserait la discussion ;)
Christoph
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Message par brand » 27 Août 2006, 00:34

Attends, je vais déjà lire ton dernier mail et y répondre. Voire si je peux repartir sur là où on s'était arrêtés aussi. J'ai sérieusement bloqué le jour où j'ai repris tout ce qui était en retard pour te répondre à ce qui était en suspens...En (re)prenant du recul, je me suis aperçu que le fossé qui nous sépare est réellement immense et je suis pas sûr franchissable en fin de compte (et aussi que ton mj d'Agone mérite une médaille :p) , mais je suis près à essayer dès que j'ai le temps. Pas pour tout de suite car je suis en plein sur ma thèse là.
Par contre, comme je te disais, je t'encourage à aller poster sur CasusNo (en faisant gaffe à la formulation par contre). Tu y trouveras plein de gens qui aiment le jdr et qui seront tout prêt à avoir de longues discussions argumentées avec toi et j'aurais plaisir à m'y mêler aussi. C'est pour ça qu'avec Squeeze on a tenté de motiver la mise en place de la section "création".

Pour la synthèse, donc, ça attendra un petit peu. Mais l'idée était que tu avais tort et que j'avais raison, pour ce que j'en ai retenu du moins. =D

Sinon, on est en train de discuter avec Walton pour que je présente le coup de la "sensiblerie" dans le prochain Push. On verra ce que ça donne. Se prendre la forge de front, ça peut valoir le coup.
brand
 
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Message par Christoph » 27 Août 2006, 00:37

Héhé, ça marche ;)
Christoph
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