[Psychodrame] l'entropie dramatique

Les archives de plusieurs projets qui furent un temps en développement sur ce forum.

[Psychodrame] l'entropie dramatique

Message par Frédéric » 03 Avr 2007, 11:57

Magali et moi avons avancé le concept de psychodrame, je vous en fais un petit compte rendu :

1- Le récit se fera en huis clos. Il n'y aura pas de MJ, donc les joueurs se concerteront pour déterminer le cadre au départ. Exemple : des potes partant en vacance dans un chalet en montagne, une fête organisée pour l'anniversaire de l'un d'eux, en croisière sur un bateau... Le décor est libre, mais doit être fermé. (ça ne vous rappelle pas des films ?) On jouera dans le présent, car je ne vois pas d'autres époques plus intéressantes et plus facile à jouer pour ce jeu.
On définit également à cette étape la nature des liens entre les personnages : Famille, amis, co-détenus...

2- Chaque joueur définit chez son personnage des éléments qui peuvent être source de tension et que les autres connaissent ou connaîtront rapidement. Exemple : Traits de caractère, histoire personnelle pouvant impliquer un autre personnage, et aiguiser la situation actuelle.
Les joueurs saisissent à la volée les propositions pour créer des griefs. Les griefs sont des traits purement négatifs à l'égard des autres PJ. Il est également possible de créer des sympathies (qui feront prendre partie durant les conflits).

3- Chaque joueur décide d'un secret le concernant ou concernant un autre personnage et dont il est au courant.
Je vais définir ici le oncept de refoulement :
Durant la partie, un PJ peut lancer une accusation complètement fabriquée à l'adresse d'un autre PJ. Le conflit décidera de qui a raison. Ainsi, le groupe de personnes peut se retrouver plongé dans le doute.
Si j'accuse Paul d'avoir volé les bijoux de grand-mère, le joueur qui joue Paul n'ayant pas décidé que son personnage ait commit cet acte, soit son personnage est innocent, soit il a refoulé son acte et a "décidé" qu'il ne s'en souviendrait pas.
Ainsi, selon l'évolution du conflit, plusieurs dénouements sont possibles face à ces accusations : soit l'accusateur ment, soit l'accusé ment, soit il a commis le méfait, soit on l'accuse à tort...
(bien sur, il faudra sans doute restreindre les possibilités d'accusation pour ne pas que ça devienne le festival de la délation...)

4- Les joueurs vont maintenant choisir secrètement l'objectif de leur personnage, qui doit nécessairement se heurter à des difficultés, en fonction de la situation et des gens avec qui le personnage se retrouve.
Ce but est indestructible. Le personnage ne voudra jamais abandonner son but, c'est l'un des moteurs de l'entropie dramatique.


Les conflits se joueront avec des cartes à jouer, facilitant la véhémence et l'emportement dans l'interprétation des personnages et permettant de garder son jeu à couvert pour dévoiler les cartes de façon claire au milieu de la table.
Un joueur en attaque un autre et pose sa carte au milieu de la table, le joueur attaqué doit se défendre, d'autres peuvent prendre parti.

Quant au nombre de joueur maximum, on ne sait pas encore de combien il pourra être, cela dépendra en grande partie du nombre de cartes nécessaires. On pense pouvoir jouer au moins de 2 à 6.
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Message par Christoph » 04 Avr 2007, 00:26

Idée alléchante, je me réjouis de voir ce que ça va donner!

Tu connais le blog de Rémi, aka Doc Transfo?
Il a de bonnes idées de jeux en une page pour des huis-clos.
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Message par Frédéric » 04 Avr 2007, 01:16

Sympa les petits jeux de Doc Transfo, j'en avais zyeuté quelques uns...
On va tenter des play-tests le plus vite possible, j'ai une petite idée de règles pour résoudre les scènes, un truc simple ;)
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Message par Romaric Briand » 24 Avr 2007, 17:52

Le retour...............

J'ai moi aussi hate de voir ce que ça va donner.
L'idée me semble en tous cas très original.

En revanche je pense qu'un tel jeu demande beaucoup au joueur. Il a interêt d'être très bon s'il veut ressentir la pression du psychodrame. Il ne faudrait pas que ça se transforme en "psychofourire".

Je pense donc que le jeu sera très dépendant des joueurs qui y participeront... mais après tout... quel jeu ne souffre pas de ce problème ?
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Message par Frédéric » 24 Avr 2007, 20:35

Salut, ça fait plaisir de te revoir ici !
Des quelques petits essais "pas au point" qu'on a fait, on s'est rendu compte qu'il fallait faire des efforts pour ne pas se laisser aller à des transactions cachées (genre petit truc insinué entre joueur, caché par l'interprétation du personnage). Mais pour le moment, la crédibilité ou l'immersion ne semble pas être un problème.
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Message par Christoph » 24 Avr 2007, 21:11

Hello Romaric!

Fred, je ne comprends pas bien ce que tu dis à propos des transactions cachées. Serais-tu d'accord d'en parler plus?
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Message par Romaric Briand » 24 Avr 2007, 22:31

Salut dear Artanis !

Je suis d'accord avec toi.
Tu utilises du vocabulaire technique mon Démiurge ^^
Il faut nous expliquer tout ça ;)
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Message par Frédéric » 24 Avr 2007, 22:36

Par exemple, Rémi joue avec Mariette (prénoms fictifs). Ils sont amis. Rémi est plutôt zen comme gars et trouve parfois exaspérant le stress que Mariette peut se mettre dans certaines situations. Mariette elle ne supporte pas le fait que Rémi ne rappelle jamais quand on lui laisse un message...
Et bien pendant une partie de psychodrame, il faut faire un effort pour ne pas que Rémi balance à la gueule de Mariette des trucs du genre : "de toutes façons, tu es trop stressée, comme fille", en faisant semblant d'interprêter son personnage.
Pire encore, Mariette doit faire attention à ne pas balancer à un moment opportun (au niveau du jeu) un truc du genre : "Bon, je vais écrire un mail à ton frère, en espérant qu'il réponde, lui..." toujours en interprétant son personnage et en s'adressant au personnage de Rémi, mais sans être claire sur le mode de son insinuation (en jeu ou hors jeu) et sans être claire sur le fait que cette insinuation est faite par son personnage envers le personnage de Rémi ou bien de sa part directement à Rémi lui-même. Si Rémi a un trait ou quoi que ce soit qui implique que son personnage, à son image tende à ne pas répondre aux messages, alors il n'y a pas de problème, je parle bien sur, du cas où cette attaque serait injustifiée dans le jeu.
Etant donné qu'on cherche des attaques à formuler face au personnage de la personne que l'on a en face, nos griefs réels nous reviennent assez vite en mémoire. Je pense que si on veut que la partie se déroule bien, il faut éviter ce genre d'attaques personnelles.

Il faut impérativement que la frontière entre jeu et vie réelle soit toujours identifiable. Quand on joue, tout est permis (dans le cadre de ce que le jeu propose, bien sur), hors jeu, les règles sociétales reprennent le dessus, pour éviter que l'on en vienne à se trucider comme on en vient à le faire dans le jeu.

Quand un joueur se sent personnellement agressé, mais n'en est pas sur, parce qu'il se dit que cette allégation était peut être faite pour le jeu, ça peut amener loin dans la malhonnêteté et la corruption de l'intérêt du jeu.
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Message par Christoph » 25 Avr 2007, 00:36

Je vois mieux ce que tu veux dire et je pense que tu as raison d'attirer l'attention là-dessus. En même temps, si les joueurs veulent en profiter pour parler d'eux-mêmes constructivement, pourquoi pas? Mais c'est sûr que quand ça glisse incognito dans le blattage gratuit, ça peut péter.

Ca rejoint en partie ce que je disais du côté de Discussions autour du thread "De la scénarisation" (en particulier le post de Meguey Baker). C'est une des applications autres que l'échec que je sous-entendais. (j'y reviendrai dès que possible!)

Ron Edwards parle de "Lines & Veils" quelque part dans sa gamme Sorcerer, faudrait que je relise. Ce sont des techniques invitant les joueurs a tracer explicitement les limites de ce qui est acceptable dans leurs parties ou pas, et si je ne raconte pas de bêtise, ça inclut aussi le point que tu soulèves.

Ce dont on parle ici c'est le contrat social qui sous-tend la partie et nous n'en avons pas beaucoup parlé sur ce forum, c'est donc chouette que ça vienne en développant un jeu!
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Message par Frédéric » 25 Avr 2007, 11:12

Yep ^^
J'ai déjà imaginé jouer à Psychodrame en jouant son propre rôle, mais cela sous entendrait d'entrée de jeu que l'on a des griefs à l'égard d'autres joueurs présents... je pense que ça pourrait pêter allégrement et sortir du jeu.

Par contre, je pense que jouer le rôle d'une personne réelle autour de la table qui n'est pas soi-même, là ça pourrait être sympa ! Se mettre à la place des autres, c'est toujours très enrichissant !

Je crois que le contrat entre joueurs dont tu parles serait très intéressant pour Psychodrames, car beaucoup de personnes auxquelles j'en parle ne veulent pas y jouer par crainte de débordements...
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Message par Frédéric » 25 Avr 2007, 11:50

Concernant les deux pôles définis par Meguey Baker, je crois que "Nobody Gets Hurt" pourrait convenir davantage à Psychodrame dans le but de rassurer les gens.
Ensuite, ceux qui veulent se remuer les tripes le plus possible ou ceux qui ont une immense confiance en la "pureté" de leur relation pourront sans doute foncer dans du "I will not abandon you".

Cette deuxième formule peut être plus sournoise entre inconnus (à une convention, par exemple) car ne se connaissant pas, on peut croire qu'il est impossible de soulever de griefs... mais les dérapages viendraient de susceptibilités détectées ou non par les autres, tels des "boutons" activés non pas chez les personnages, mais chez les joueurs.

En même temps, quand j'ai commencé à avoir l'idée de ce jeu, je me suis dit que l'on pouvait jouer avec cet aspect... Je crois donc que sans vouloir berner les joueurs, il faut leur laisser le choix, ça pourrait être l'une des premières choses discutée avant de jouer. Mais il faut impérativement une unanimité, sans quoi, les effets pervers risquent de poindre.

Je suis tout à fait curieux des "Line and Veils" de Ron Edwards ;)
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Message par Romaric Briand » 03 Mai 2007, 03:45

Je vois aussi un peu mieux les objectifs du jeux. C'est bon ça...
mais je suppose que tu ne l'as testé qu'avec magali pour le moment... non?

Tu sais Sens a bien marché auprès des philosophes...
mais ce n'est qu'en le testant avec des non-philosophes que j'ai pu prendre conscience des limites du jeu, de ses difficultés...

Psychodrame me semble être un projet ambitieux! Je continue de penser que tu demandes beaucoup à tes joueurs... les joueurs de JDR sont ils près pour ce genre de jeu? j'ai de serieux doutes.
:-k

J'encourage le projet, nous avons tous besoin d'être tirés vers le haut ^^
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Message par Frédéric » 03 Mai 2007, 12:48

Franchement, je ne me soucie guère pour le moment du "public". Ca vient sans doute de mes études, car en art, on ne cherche pas un public, contrairement à la communication. L'artiste crée une oeuvre pour l'art et non pour les gens. Si le public n'est pas prêt à recevoir son oeuvre, il y a les critiques et le public d'artistes pour valider l'oeuvre, elle est alors souvent considérée comme de l'avant garde. Si Psychodrame doit être de l'avant-garde, alors je l'assumerai en tant que tel. Notons que pour moi, les jeux forgistes sont pour certains une réelle avant-garde et peu de rôlistes francophones pour le moment s'y adonnent, car c'est trop "différent" de leur façon de faire du JDR.

En effet, j'en arriverai à le faire tester par d'autres, c'est indispensable, d'autant plus que le jeu doit pouvoir se jouer avec de nombreux participants (de 2 à 6, probablement) !

Si au final je ne dois en imprimer que 3 exemplaires, je n'en serais pas moins heureux de l'avoir fait.

Psychodrame me semble être un projet ambitieux! Je continue de penser que tu demandes beaucoup à tes joueurs...


De toutes façons, il n'y a que des joueurs, pas de MJ...
Si tu parviens à mettre le doigt sur ce que tu considères comme étant ce "beaucoup", voire "trop", n'hésite pas.

Pour ma part, ce qui me fait considérer ce projet comme intéressant, voire "différent" de ce que j'ai fait jusqu'à présent, voire de ce qui existe, c'est que Psychodrame révèle un aspect important du JDR en général, voire une de ses limites et il joue avec.

Cet aspect important, c'est la limite entre le personnage et le joueur. Dans les parties de JDR, les joueurs n'oublient pas avec qui ils jouent. Si Denis chambre souvent Sam, il ne s'en abstiendra pas en partie de JDR. C'est du méta jeu, c'est rare que ça n'arrive pas.
Si Marcel et Jean ne peuvent pas se voir, une partie de JDR risque parfois même d'exacerber cette animosité.

Un jeu comme Breaking the Ice produit déjà cet effet bizarre de : si je joue à ce jeu avec quelqu'un, est-ce qu'on ne va pas se trouver dans une situation bizarre, où le personnage ne sera finalement qu'une projection de sentiments réels ?

C'est grâce à ce jeu que j'ai pu imaginer que Psychodrame fut un projet réalisable.

Sauf que dans le cadre d'un jeu basé sur le drame et les disputes et qui s'intéresse à leur fonctionnement dans la vie réelle, qu'est-ce qui va empêcher les joueurs de franchir la ligne entre ses propres humeurs, ses propres griefs et ceux de son personnage ?

D'une certaine façon, ça me paraît l'un des aspects les plus intéressants du jeu. Imaginez qu'un truc que vous n'avez jamais osé dire à vos parents dans la vraie vie se retrouve en jeu pendant que vous jouez avec eux à ce jeu ^^.
Bon, d'une certaine façon, il faut faire en sorte que ce soit évitable si l'on en a vraiment envie. Mais si ce n'est pas le cas, pourquoi ne pas laisser certaines personnes déborder du jeu ?

Roger Caillois considère que le jeu se définit par ses limites. Si un comédien de théâtre joue un rôle qui n'est pas le sien, quand la pièce se termine, il redevient lui-même. Idem en JDR.
DOnc, pourqu'une partie de Psychodrame soit fonctionnelle, il faut tout faire pour que ce qui s'y déroule, reste dans le jeu. Toute excursion dans la réalité devrait mettre fin au jeu, car elle pervertirait le jeu.

Maintenant, certaines formes de jeu ont une incidence sur la réalité, tel que le psychodrame, autrement dit, le JDR psychanalytique.
Psychodrame n'est pas un psychodrame. Mais on ne peut pas empêcher un joueur de pervertir le jeu (comme on ne peut pas empêcher un joueur de poker de tricher). Et cette perversion possible m'intéresse, sans être le but avoué du jeu.
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Message par Romaric Briand » 03 Mai 2007, 13:07

Je ne sais plus qu'elle acteur de théatre persista à monter sur scène en dépit d'une rage de dent. Il joua bien son rôle durqnt la nuit... Un homme l'attendait en bas et lui demanda : "comment as tu fais pour jouer si bien avec la douleur?" et l'acteur répondit "mais.... mon personnage n'avait pas mal au dent". C'est une histoire vraie !

ça illustre bien ce que tu dis. Il faut savoir diviser ses rôles et faire une différence nette entre tous.
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